Thèse soutenue

Mécanismes de contrôle de l’absorption de CO2 anthropique et de l’acidification des eaux dans les océans Atlantique Nord et Indien Austral

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Auteur / Autrice : Coraline Leseurre
Direction : Gilles ReverdinClaire Lo Monaco
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Instrumentation, télédétection, observation et techniques spatiales pour l'océan, l'atmosphère et le climat
Date : Soutenance le 15/12/2022
Etablissement(s) : Sorbonne université
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Sciences de l'environnement d'Île-de-France (Paris ; 1992-....)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Laboratoire d'océanographie et du climat : expérimentations et approches numériques (Paris ; 2005-....)
Jury : Président / Présidente : Damien Cardinal
Examinateurs / Examinatrices : Virginie Racapé
Rapporteurs / Rapporteuses : Rosemary Anne Morrow, Bruno Delille

Résumé

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L’océan joue un rôle important dans le système climatique du fait des importants échanges de gaz carbonique avec l’atmosphère et du déplacement de ses échanges vers un puits océanique lors de l’Anthropocène. Les océans Atlantique Nord et Austral sont reconnus comme étant des acteurs majeurs de cette séquestration du carbone anthropique (Cant). En effet, ~25% du Cant pénètre dans les eaux de surface de l’Atlantique Nord et ~40% résident dans les eaux modales et intermédiaires de l’océan Austral. Il est clairement établi que le puits de carbone présente des variations dans le temps mais mal connues, rendant les prévisions climatiques difficiles. Il est donc recommandé de concentrer les efforts d’observations dans les régions où l’absorption de CO2 est élevée : les océans Atlantique Nord et Austral. Dans ce contexte, l’étude de la variabilité saisonnière, interannuelle à décennale des paramètres du système des carbonates dans ces deux régions est requise pour appréhender l’impact des changements actuels sur le cycle du carbone océanique. Basée sur des observations acquises dès le milieu des années 1990 et jusqu’en 2021 dans le cadre des programmes français SURATLANT et OISO, ces travaux de thèse visent à décrire l’évolution spatiale et temporelle des paramètres du système des carbonates (AT, CT, fCO2, pH et δ13CDIC) dans le gyre subpolaire nord Atlantique (NASPG) et le secteur Indien de l’océan Austral. Les processus physiques et biogéochimiques contrôlant l’évolution de la fCO2, de l’acidification des eaux et de l’effet Suess océanique, ont été étudiés en séparant le signal anthropique des signaux naturels. L’évolution de la fCO2 et du pH, sur l’ensemble de la période et dans ces deux régions, est en accord avec l’augmentation de CO2 atmosphérique et les tendances moyennes pour l’océan global. Toutefois, selon la saison, la zone sélectionnée ou sur de plus courtes périodes, les résultats peuvent être différents. L’augmentation du Cant a été identifié comme le driver contrôlant majoritairement les changements de fCO2 et pH observés, mais d’autres processus peuvent moduler ces tendances. Ainsi, le réchauffement (refroidissement) des eaux de surface accélère (limite) l’augmentation de la fCO2 et la diminution du pH. De plus, des tendances à l’augmentation de AT ont également été observées dans chacune des deux régions, ce qui a limité en partie l’acidification des eaux par rapport à l’augmentation du Cant. Cependant, les résultats suggèrent une certaine stabilité, voir une inversion de la tendance à l’augmentation de la fCO2 et de l’acidification autour de 2010, tant dans le NASPG que dans la zone antarctique de l’océan Indien Austral. Les observations de 13CDIC semblent confirmer cette analyse et permettent de mettre en avant un effet Suess différent entre les deux régions. Ce paramètre complémentaire a cependant été moins échantillonné et ne permet pas encore de valider les changements observés autour de 2010. Mon travail met en avant l’importance de maintenir des observations à long terme dans ces régions où l’absorption de CO2 atmosphérique est importante, afin de suivre l’évolution du carbone anthropique, de l’effet Suess océanique et de l’acidification des eaux de surface au cours des prochaines décennies.