Thèse soutenue

Les effets de la stimulation magnétique transcrânienne de basse intensité sur les neurones et leurs réseaux en fonction de l'âge

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Auteur / Autrice : Manon Boyer
Direction : Rachel Sherrard
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Neurosciences
Date : Soutenance le 28/10/2022
Etablissement(s) : Sorbonne université
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Cerveau, cognition, comportement (Paris ; 1992-....)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Adaptation biologique et vieillissement (Paris ; 2014-2024)
Jury : Président / Présidente : Hélène Hardin-Pouzet
Examinateurs / Examinatrices : Daniela Popa, Jennifer Rodger
Rapporteurs / Rapporteuses : Mathieu Letellier, Pierre Lozeron

Résumé

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Un cerveau fonctionnel doit pouvoir s’adapter. La neuroplasticité est un processus fondamental lors du développement du système nerveux central et essentiel au fonctionnement physiologique. Elle se produit à différents niveaux, de l'ultrastructure aux réseaux cérébraux, et elle s'accompagne de changements transitoires ou durables. L’augmentation de cette plasticité est utilisée en tant qu’approche thérapeutique pour plusieurs dysfonctionnements neurologiques. La stimulation cérébrale non invasive permet des processus de réorganisation plastique. La stimulation magnétique transcrânienne répétitive (rTMS), utilisée à haute (en Teslas, T) ou à basse intensité (en μT-mT ; LI-rTMS), est un outil prometteur pour réparer les dommages et les dysfonctionnements neuronaux. Cependant, il est essentiel d’approfondir les recherches fondamentales car les connaissances des mécanismes sous-jacents de la rTMS restent insuffisantes.D’abord, nous avons étudié les effets cellulaires aigus de la LI-rTMS au cortex somatosensoriel avec des enregistrements intracellulaires in vivo des neurones pyramidaux. Un résultat inattendu est que la LI-rTMS déclenche des potentiels d’action. Cela remet en question l'hypothèse courante que la LI-rTMS n'agit que par des mécanismes sous-seuil, n’induisant pas des champs électriques suffisant activer directement les neurones. De plus, la LI-rTMS a atténuée l’excitabilité neuronale intrinsèque et l'activité spontanée des neurones corticaux. A travers notre deuxième étude, nous avons examiné si un traitement LI-rTMS était en mesure de perturber les processus de développement cérébraux normaux. Dans un système hautement plastique, comme le cerveau immature, il est possible que la LI-rTMS perturbe ces processus. Nous avons appliqué la LI-rTMS au cervelet pendant deux semaines, et mesuré la maturation morphologique et synaptique post-natale des cellules de Purkinje, dont le développement est bien décrit. Nos résultats montrent que la LI-rTMS a affecté le processus d’élimination des fibres grimpantes et que les effets diffèrent selon le patron de stimulation : le cTBS accélère ce processus alors que le BHFS le ralentie. Les défauts observés avec le cTBS ont été compensés à l’âge adulte, ce qui n’est pas le cas du BHFS. En revanche, le cerveau âgé est moins sensible aux effets de la rTMS. Pour autant, la rTMS améliore partiellement la cognition chez les patients âgés atteints de la maladie d’Alzheimer (AD). Ces patients présentent de manière très précoce des troubles de mémoire épisodique, qui permet d’intégrer les informations autobiographiques dans un contexte temporel et spatial. Une structure déterminante dans cette mémorisation est l’hippocampe. Également, dans un modèle murin AD, deux semaines de LI-rTMS excitatrices a eu des effets positifs sur les déficits de mémoire spatial et les anomalies des épines dendritiques. Maintenant, à travers cette dernière étude, nous avons déterminé dans ce même modèle, si les changements neurobiologiques observés après deux semaines de LI-rTMS sont suffisants pour améliorer significativement la fonctionnalité d’un processus de mémorisation complexe tel que la mémoire épisodique. Nos résultats montrent une restauration partielle de la mémoire épisodique, c’est-à-dire, une restauration de la mémoire temporelle mais toujours un déficit de la mémoire spatiale. Ces études fournissent des preuves que la LI-rTMS induit des changements profonds dans le cerveau, allant de la modification de l'excitabilité des neurones individuels, et par conséquent des réseaux en aval, à l'amélioration de l'intégration neuronale complexe telle que la mémoire épisodique. Cependant, nos données portant sur le cervelet en développement sont moins rassurantes. Évidemment, des études supplémentaires sont nécessaires pour identifier les mécanismes sous-jacents des différents patrons de LI-rTMS, afin de déterminer lesquels sont les plus appropriés suivant la région cérébrale et l'âge du sujet.