Thèse soutenue

Décoder l’émotion des rêves à l’aide des parasomnies et du sommeil paradoxal lucide
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Auteur / Autrice : Jean-Baptiste Maranci
Direction : Isabelle Arnulf
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Neurosciences
Date : Soutenance le 01/12/2022
Etablissement(s) : Sorbonne université
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Cerveau, cognition, comportement (Paris)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Institut du cerveau (Paris ; 2009-....)
Jury : Président / Présidente : Chantal Henry
Rapporteurs / Rapporteuses : Francesca Siclari, Virginie Sterpenich

Mots clés

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Mots clés contrôlés

Mots clés libres

Résumé

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Les émotions sont un aspect marquant des rêves : elles pourraient jouer un rôle dans le maintien du bien être des individus en traitant les souvenirs négatifs et en préparant aux menaces à venir. Elles surviennent surtout lors des rêves de sommeil paradoxal (SP), qui comporte une paralysie musculaire, une activité EEG rapide et des mouvements oculaires rapides (MOR). Comprendre si ce rôle de régulation passe par les rêves et comment est difficile, car les connaissances sur les émotions du sommeil ne nous viennent que du récit de rêve, qui peut être biaisé l’oubli au réveil ou par une reconstruction inexacte. Pour contourner ces biais, nous avons tenté d’accéder directement aux émotions des rêves de SP, sans passer par leur récit. Nous avons observé en vidéopolysomnographie les patients avec trouble comportemental en SP (TCSP), chez qui la paralysie du SP a disparu : ils extériorisent le contenu de leur rêve par des paroles, sourires, cris ou bagarres, qui traduisent l’émotion du rêve en cours. Le second accès direct possible au rêve est le rêve lucide, au cours duquel le dormeur est conscient de rêver et peut transmettre des informations sur son rêve en contractant les muscles de son visage. Nous avons demandé aux patients atteints de narcolepsie (des rêveurs lucides performants) de nous décrire l’émotion de leur rêve (positive, négative ou neutre) directement depuis le SP grâce à un code musculaire prédéfini. A l’aide de ces deux modèles, nous avons évalué si les MOR du SP (un marqueur de vulnérabilité à la dépression quand ils sont trop nombreux) étaient associés aux émotions du rêve. Chez les patients avec TCSP, les comportements émotionnels négatifs extériorisés étaient fortement associés à un sous type de MOR groupé en bouffées. Par contre, dans le modèle du rêve lucide, les MOR de tous types étaient autant associés aux rêves négatifs, positifs ou neutres. En outre, nous avons mesuré la dynamique des émotions au cours du SP. Dans le modèle TCSP, elle évoluait en deux temps : d’abord les comportements émotionnels (mais aussi neutres) augmentaient pendant les 10 premières minutes de SP puis diminuaient lentement. Les comportements négatifs précédaient les positifs dans le TCSP, dynamique qui était inversée dans le modèle rêve lucide (rêves négatifs plus tardifs au cours du SP). Enfin, les deux modèles convergeaient pour indiquer une variation très rapide (du rire au larme) de cette dynamique émotionnelle au cours des rêves. En conclusion nous avons pu accéder aux émotions du SP de façon directe par l’observation de comportements émotionnels et pour la première fois à la composante émotionnelle subjective des rêves à l’aide de codes réalisés en rêves lucides. Nos résultats, parfois opposés, convergeaient cependant vers l’idée que l’émotion des rêves change très rapidement. Cette caractéristique nous permettra peut-être de mieux comprendre par quel mécanisme le SP et les rêves régulent nos émotions à l’éveil.