Traçage des conditions environnementales et de l'activité microbienne dans des stromatolites formés en contexte évaporitique : stromatolites actuels de Sardaigne et stromatolites du Messinien (6Ma)
Auteur / Autrice : | Juliette Debrie |
Direction : | Karim Benzerara, Jean-Paul Saint Martin |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Biogéoscience |
Date : | Soutenance le 13/12/2022 |
Etablissement(s) : | Sorbonne université |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale Géosciences, ressources naturelles et environnement (Paris ; 2000-....) |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : Institut de minéralogie, de physique des matériaux et de cosmochimie (Paris ; 1997-....) |
Jury : | Président / Présidente : Emmanuelle Vennin |
Examinateurs / Examinatrices : Laurence de Viguerie | |
Rapporteurs / Rapporteuses : Christophe Dupraz, Kevin Lepot |
Mots clés
Résumé
Les stromatolites sont des structures organo-sédimentaires laminées, formées grâce à l’activité microbienne. Présents depuis plus de 3,5 milliards d’années, ils comptent parmi les plus anciennes traces de vie connues sur Terre et ils fournissent des informations précieuses sur la paléobiodiversité et les paléoenvironnements. De nombreuses études ont permis de développer une connaissance approfondie sur les stromatolites actuels, marins et lacustres, pouvant servir de référence pour l’interprétation des stromatolites anciens. Cependant, peu de travaux concernent des stromatolites d'environnements côtiers et lagunaires, qui, pourtant, enregistrent des caractéristiques chimiques, biologiques et minéralogiques significatives. Or, certains stromatolites anciens, comme ceux du Messinien (~6 Ma), abondamment présents dans l'ensemble du bassin méditerranéen, se sont possiblement formés dans un environnement côtier et/ou lagunaire soumis à des variations de salinité. L’objectif central de cette thèse est de comprendre comment l’environnement de formation (comprenant les paramètres abiotiques et biotiques) est enregistré dans des stromatolites actuels de Sardaigne, formés dans des étangs côtiers soumis à de fortes variations de salinité. Ces stromatolites sont principalement composés de calcite magnésienne. Une approche corrélative multi-échelles a révélé une diversité de phases minéralogiques comprenant divers carbonates, des phases argileuses authigènes, des phases sulfatées et un peu de détritisme. Nous avons observé des variations et une distribution spécifique des rapports Mg/Ca et Mn/Fe dans les calcites. Les calcites les plus enrichies en Mg et avec le rapport Mn/Fe le plus grand étaient systématiquement distribuées autour des restes microbiens. Nous avons supposé que l’activité microbienne exerçait un contrôle majeur sur la substitution du Mg dans la calcite, avec peut-être, une dynamique des populations microbiennes, influencée par les variations de salinité. De même, les variations du rapport Mn/Fe ont été interprétées comme étant des indicateurs des variations des conditions oxiques/anoxiques pouvant survenir localement dans le biofilm. En revanche, en lien avec le suivi géochimique des eaux des lagunes, il a semblé qu’à grande échelle, la distribution minéralogique était liée aux variations de salinité induites par l’évaporation dans les lagunes. En parallèle, l’évaluation de la distribution spatiale des signaux de fluorescence dans le visible a montré une préservation exceptionnelle de pigments photosynthétiques chlorophylle/phycocyanine dans des échantillons sardes ainsi qu'une une possible conservation de pigments photosynthétiques dégradés en lien avec l’activité microbienne dans les échantillons sardes et du Messinien.