Thèse soutenue

Rôle des protéines du complément dans la progression tumorale

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Auteur / Autrice : Margot Revel
Direction : Lubka Roumenina
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Biologie moléculaire et cellulaire
Date : Soutenance le 16/12/2022
Etablissement(s) : Sorbonne université
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Physiologie, Physiopathologie et Thérapeutique (Paris ; 2000-....)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Centre de recherche des Cordeliers (Paris ; 2007-....)
Jury : Président / Présidente : Eric Tartour
Examinateurs / Examinatrices : Catherine Monnot, Angela Armento
Rapporteurs / Rapporteuses : Anna Blom, Virginie Dinet

Résumé

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Le système du complément est un acteur essentiel de l’immunité innée, qui agit dans la défense de l’hôte contre les pathogènes ou les cellules endommagées, ainsi qu’au maintien de l’homéostasie. Il comprend plus de trente protéines membranaires ou solubles impliquées dans l'inflammation, l'opsonisation, et l'activation ou la lyse cellulaire. Bien que cette cascade enzymatique soit connue pour ses fonctions au sein de la circulation sanguine, des protéines du complément ont récemment été décrites dans le compartiment intracellulaire influant sur l'homéostasie et le métabolisme des cellules T activées. Le carcinome rénal à cellules claires (ccRCC) est caractérisé par une forte expression des gènes du complément qui est associée à un mauvais pronostic pour les patients. Cependant les mécanismes impliqués restent inconnus. Nous avons ainsi émis l'hypothèse que des actions intracellulaires des protéines du complément pourraient influencer la biologie des tumeurs. L'objectif de mon doctorat était de déterminer la part du complément extracellulaire versus intracellulaire dans la progression tumorale et de décrypter les fonctions et mécanismes existant au niveau intracellulaire. Bien que le système du complément soit activé à la surface des cellules cancéreuses et qu’il existe une augmentation générale de la concentration plasmatique de ces protéines dans le contexte tumoral, seuls les dépôts et la présence plasmatique de C4d sont corrélés à un mauvais pronostic. En revanche, au niveau intracellulaire, c’est la forte présence du C1s, C3, FB et FH détectée par immunomarquage qui est corrélée à un mauvais pronostic. L'imagerie multiplex associée au Single Cell RNA-seq (séquençage des ARN messagers sur cellules uniques) ont révélés une co-localisation/co-expression de ces protéines et gènes, créant un environnement intracellulaire riche en complément. Nous avons découvert que l’extinction de ces protéines entraînait une altération du programme transcriptomique de cellules en culture. Les gènes différentiellement exprimés sont impliqués dans 1) la prolifération et le cycle cellulaire, confirmé par des tests fonctionnels, ainsi que la capacité à former des tumoro-sphères ; 2) le métabolisme cellulaire, confirmé par métabolomique ; 3) la signalisation cellulaire ainsi que 4) la migration cellulaire et la formation de la matrice extracellulaire. Malgré leur co-localisation au sein des mêmes compartiments subcellulaires, C3, FB et FH possèdent des structures secondaires et interaction protéiques différentes que dans l’espace extracellulaire. De plus, en intracellulaire le clivage de C3 génère du C3a de manière indépendante du FB et sans régulation par le FH. L’extinction de celui-ci n’amplifie pas les fonctions intracellulaires du C3 et du FB comme l'aurait fait sa contrepartie extracellulaire. A la place, le FH intracellulaire interagit avec d’autres protéines afin de réguler le cycle cellulaire et l'organisation du cytosquelette d'actine. L'ensemble de ces données démontre que les protéines intracellulaires du complément sont des acteurs majeurs au sein des cellules tumorales et du microenvironnement tumoral. L'action intracellulaire de ces protéines pourrait constituer une nouvelle cible pour le développement de médicaments anticancéreux.