Thèse soutenue

Compréhension et caractérisation de l'intermittence du réseau hydrographique en Afrique : développements méthodologiques et applications hydrologiques

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Auteur / Autrice : Patindé Axel Belemtougri
Direction : Agnès DucharneHarouna Karambiri
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Hydrologie
Date : Soutenance le 23/09/2022
Etablissement(s) : Sorbonne université en cotutelle avec Institut international d'ingénierie de l'eau et de l'environnement
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Géosciences, ressources naturelles et environnement (Paris)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Milieux environnementaux, transferts et interactions dans les hydrosystèmes et les sols (Paris ; 1997-....)
Jury : Président / Présidente : Expédit Wilfrid Vissin
Examinateurs / Examinatrices : Valérie Plagnes, Gil Mahé, Dial Niang
Rapporteurs / Rapporteuses : Éric Sauquet, Amani Michel Kouassi

Résumé

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Les cours d’eau intermittents sont des cours d’eau qui cessent de couler à un moment donné dans l’espace et le temps. Cependant, la compréhension de la variabilité spatio-temporelle des cours d’eau intermittents ainsi que leur localisation précise dans le réseau hydrographique reste limitée en raison d’un manque de données (hydrométriques, hydrographiques, etc.…). Ces difficultés sont accentuées dans les régions à données limitées comme l’Afrique et cette thèse vise principalement à développer des approches méthodologiques qui s'appuient sur des modèles de forêts aléatoires (Random Forest) ainsi que des analyses statistiques pour caractériser la distribution spatiale des cours d’eau intermittents et mieux appréhender les mécanismes de contrôle de l’intermittence en Afrique afin de pallier les lacunes d’observations. D’abord, cette thèse s’est focalisée à l’échelle régionale au Burkina Faso où 49 stations de jaugeage des cours d’eau avec au minimum quatre ans de données sur la période 1955-1985 ont été examinées. Le nombre moyen de mois à débit nul par an ((Ndry) ̅) a été utilisé pour définir quatre classes croissantes d'intermittence du débit à savoir : permanent (0-1 mois à débit nul), faiblement intermittent (2-4), fortement intermittent (5-7), éphémère (8-12). Une analyse en composante principale (ACP) réalisée sur les 49 stations de jaugeages a montré que, bien que l’ordre de Strahler et la précipitation moyenne annuelle influencent la répartition géographique des différentes classes d’intermittence au Burkina Faso, la perméabilité moyenne et la surface amont des bassins versants expliquent principalement cette répartition. Cette étude suggère que la saisonnalité de la précipitation au Burkina Faso rend également saisonnier l’écoulement des cours d’eau à moins que les processus hydrogéologiques ne soient impliqués, notamment à travers la contribution des aquifères au débit de base pendant les périodes d’étiage. L’approche de prédiction par Random Forest a permis d’estimer sur le réseau hydrographique LCS que 83% de la longueur totale des cours d’eau au Burkina Faso sont intermittents contre 98% dans le réseau hydrographique nationale de référence (IGB-BNDT). Ensuite, à l’échelle de l’Afrique, 1125 stations de jaugeage avec au moins 4 ans de données sont examinées sur la période 1958-1991. Plusieurs modèles Random Forest ont été entrainés à relier les classes d’intermittence observée au droit des stations de jaugeage aux valeurs caractéristiques de 15 variables environnementales clés identifiées. L’indice d’aridité (P/ETP), la surface amont des bassins versants et l’évapotranspiration potentielle moyenne annuelle ont été identifiés comme les facteurs de contrôle les plus importants de l’intermittence à l’échelle continentale de l’Afrique. Cela se confirme d’autant plus que la majorité des stations classées intermittentes dans l’échantillon analysé ont des valeurs d’évapotranspiration potentielle moyenne annuelle qui sont supérieures à la précipitation moyenne annuelle (c.-à-d. indice d’aridité < 1). Cette étude prédit sur le réseau hydrographique LCS qu’en Afrique 44 % en longueur des cours d’eau sont permanents tandis que 56 % sont intermittents (9 % faiblement intermittents, 31 % fortement intermittents, 16 % éphémères). Les prédictions du modèle capturent en général la distribution spatiale de l’intermittence dans les réseaux hydrographiques nationaux de référence de l’Afrique du Sud, du Bénin, de Madagascar, du Mali et un peu moins au Burkina Faso. Enfin, cette thèse s’est appesantie sur les difficultés des réseaux hydrographiques globaux et continentaux à reproduire la variabilité spatiale de la densité de drainage observée sur les réseaux hydrographiques nationaux de référence des différents pays en Afrique. Une méthode simple pour extraire les cours d’eau des MNT (Modèle Numérique de Terrain) à partir de surface contributive (Amin) variable spatialement a été développée.