Prédiction de la réaction du cycle du carbone océanique au changement climatique : modélisation éco-évolutive de la boucle microbienne et rôle des virus
Auteur / Autrice : | Philippe Cherabier |
Direction : | Régis Ferrière |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Écologie et évolution |
Date : | Soutenance le 24/06/2022 |
Etablissement(s) : | Sorbonne université |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale Sciences de la nature et de l'Homme - Évolution et écologie (Paris ; 1995-....) |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : Institut de biologie de l'École normale supérieure (Paris ; 2010-....) |
Jury : | Président / Présidente : Marina Lévy |
Examinateurs / Examinatrices : Joshua Weitz, Ingrid Obernosterer | |
Rapporteur / Rapporteuse : Jean-Christophe Poggiale, Elena Litchman |
Mots clés
Résumé
Les activités humaines ont un impact considérable sur la santé des océans. Le changement climatique causé par les émissions anthropiques de gaz à effet de serre entraîne un réchauffement de la surface de la mer, la fonte des calottes polaires, l'acidification des océans et des changements dans les régimes de circulation et de mélange conduisant à une stratification de la colonne d'eau. Toutes les formes de vie dans l'océan sont touchées, principalement les micro-organismes qui dominent la biodiversité des océans et jouent un rôle majeur dans la fonction des écosystèmes marins. Les communautés microbiennes ont une capacité d'adaptation rapide en raison de la taille importante de leurs populations et de la brièveté de leur temps de génération, ce qui peut potentiellement modifier les cycles globaux du carbone et des nutriments en réponse au changement climatique, mais ces rétroactions sont encore peu comprises. Dans cette thèse, nous nous concentrons sur les bactéries hétérotrophes et leur capacité à reminéraliser la matière organique dissoute en nutriments inorganiques. Cette ''boucle microbienne'' alimente une voie de recyclage du carbone, mais sa réponse au changement climatique est encore mal déterminée. Grâce à une modélisation éco-évolutive, nous quantifions la boucle de rétroaction potentielle résultant de l'adaptation bactérienne dans différentes régions océaniques, tant à la surface qu'en profondeur dans la colonne d'eau. Nous constatons que l'adaptation bactérienne tend à atténuer l'effet négatif du changement climatique sur la régénération de la matière organique dissoute, avec des degrés variables selon la région biogéographique. Afin de tester les prédictions de notre modèle dans un contexte global, nous développons un nouveau cadre pour intégrer les processus éco-évolutifs aux modèles de circulation océanique. Nous constatons que l'adaptation bactérienne dans la boucle microbienne peut ajouter de l'incertitude à nos prévisions, et appelons à de nouvelles études éco-évolutives à cette échelle. Enfin, nous incluons les bactériophages dans notre modèle et étudions à la fois leur influence biogéochimique sur le cycle du carbone et la façon dont ils pourraient influencer la vitesse d'adaptation des bactéries aux environnements changeants. Dans son ensemble, cette thèse met l'accent sur deux ''angles morts'' actuels des modèles du système terrestre : une représentation explicite de la boucle microbienne et l'intégration des processus éco-évolutifs dans l’analyse de sa dynamique en réponse aux changements globaux.