Écrire sa honte : Augustin, Rousseau, Sachs, Genet
Auteur / Autrice : | Chloé Vettier |
Direction : | Jean-François Louette |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Littérature et civilisation française |
Date : | Soutenance le 16/11/2022 |
Etablissement(s) : | Sorbonne université en cotutelle avec Princeton University |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale Littératures françaises et comparée (Paris ; 1992-....) |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : Centre d'étude de la langue et des littératures françaises (1998-....) |
Jury : | Président / Présidente : André Benhaïm |
Examinateurs / Examinatrices : Thomas A. Trezise | |
Rapporteur / Rapporteuse : Florence de Chalonge, Lawrence D. Kritzman |
Mots clés
Mots clés contrôlés
Résumé
La honte d’être un homme, y a-t-il une meilleure raison de s’écrire ? Regard de soi sur soi, regard de l’autre sur soi, la honte est une expérience constitutive de la subjectivité. Rien d’étonnant à ce que la honte représente donc un thème majeur des écrits de soi depuis des siècles. Saint Augustin et Jean-Jacques Rousseau, qui ont marqué des générations d’autobiographes, lui attribuent une place centrale dans leurs Confessions respectives. La honte joue également un rôle crucial dans la pratique de la confession auriculaire, rituel catholique qui s’est démocratisé à partir du XIIIe siècle. Il existe ainsi une tradition littéraire et discursive de la honte, dont se ressaisissent, non sans quelques libertés, deux auteurs du XXe siècle : Maurice Sachs et Jean Genet. Le premier chapitre de cette thèse recense les fonctions de la honte dans les Confessions d’Augustin et les confessions auriculaires du XIIIe au XVIIIe siècles : la honte est à la fois obstacle à la confession, garantie de son authenticité, et voie du salut. Le deuxième chapitre montre qu’il se dessine dans les Confessions de Rousseau une véritable théorie de la honte, alliée à une critique socio-politique. Le troisième chapitre est consacré au cas de Sachs, dont les archives montrent à quel point la honte a empêché l’écriture et permettent de mieux comprendre le « style honteux » du Sabbat. Notre quatrième chapitre montre que les descriptions que Genet offre de personnages et milieux honteux préfigurent les analyses d’Erving Goffman sur le stigmate. Mais Genet ne documente pas seulement la honte, il l’écrit pour piéger ses lecteurs et pour en faire une valeur suprême, un pilier de son esthétique.