Thèse soutenue

« Feindre de croire aux balivernes ». Faux et faussaires dans le roman européen contemporain, de la postmodernité à l’ère de la post-vérité

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Auteur / Autrice : Loïse Lelevé
Direction : Emmanuel Bouju
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Littératures comparées
Date : Soutenance le 09/12/2022
Etablissement(s) : Rennes 2
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Arts, Lettres, Langues (Rennes)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Centre d'Etudes des Langues et Littératures Anciennes et Modernes / CELLAM
Jury : Président / Présidente : Maxime Decout
Examinateurs / Examinatrices : Véronique Gély, Thierry Lenain, Jochen Mecke, Sylvie Servoise
Rapporteurs / Rapporteuses : Maxime Decout, Françoise Lavocat

Résumé

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Étudier des mises en scènes romanesques de faussaires, c’est interroger la manière dont la fiction européenne en passe par le faux pour interroger deux grandes angoisses qui semblent définitoires de la contemporanéité : celle d’un règne de la « post-vérité » où vrai et faux se confondraient indissolublement ; et celle d’une ère de « post-réalité » où, de Debord à Baudrillard, on postulerait l’impossibilité de faire la part du réel et de l’imaginaire, du modèle et de la représentation. À cette crainte d’une confusion épistémologique et ontologique généralisée, la fiction répond par des intrigues de duperies et de manipulation qui, générant des pactes de lectures spécieux, exigent du lecteur un jeu maîtrisé de la croyance et de l’incroyance, une redéfinition méthodique de limites de l’interprétation et un engagement responsable dans l’herméneutique des textes. Construisant le faux comme objet théorique selon un double modèle, celui de l’eidolon comme image égarante et celui de la narration trompeuse du storytelling, nous explorons dans cette thèse comment la fiction européenne des années 1960 à nos jours pense, montre et narre le faux pour redéfinir ses propres frontières. Car c’est moins dans l’opposition entre fait et fiction, entre vérité factuelle et invention fictionnelle, que dans la distinction entre faux et fiction, simulacre et fiction, mensonge et fiction, que se jouent les pouvoirs éthiques et épistémiques des récits fictionnnels contemporains, postmodernes ou, comme nous qualifions les plus récents d’entre eux, « épimodernes », qui réinvestissent la réalité et ses représentations non par un retour au factuel, mais par l’enchantement de la fabulation.