Thèse soutenue

Du sabot au crâne de singe : histoire, modalités et conséquences de l'imposition d'une langue dominante : Bretagne, Sénégal et autres territoires

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Auteur / Autrice : Rozenn Milin
Direction : Ronan Le CoadicIbrahima Thioub
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Sociologie
Date : Soutenance le 29/09/2022
Etablissement(s) : Rennes 2
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Sociétés, temps, territoires (Angers)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Centre d'études des langues- territoires et identités culturelles - Bretagne et langues minoritaires / CELTIC-BLM
Jury : Président / Présidente : Barbara Glowczewski
Examinateurs / Examinatrices : Philippe Blanchet
Rapporteurs / Rapporteuses : Jérémie N'Guessan Kouadio, Florence Descamps

Résumé

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L’une des plus grandes mutations que la Basse-Bretagne a connues au XXe siècle consiste en un changement complet de langue. En l’espace de quelques décennies, en effet, les habitants brittophones du Finistère et de la moitié ouest du Morbihan et des Côtes-d’Armor ont cessé de transmettre le breton à leurs enfants, mettant ainsi en péril le devenir de leur propre langue maternelle. Cette mutation profonde, qui est souvent considérée aujourd’hui comme un phénomène naturel, suscite pourtant maintes interrogations. L’objet de cette thèse est de tenter de déterminer les tenants et les aboutissants de ce processus de substitution linguistique, qui n’est pas propre à la Bretagne. L’école a joué un rôle fondamental, et l’on commencera donc par retracer l’histoire de l’imposition de langues dominantes en milieu scolaire via des pratiques telles que le recours au signum des écoles latines, qui deviendra le « symbole » et se répandra à travers l’Europe et au-delà, jusqu’aux anciennes colonies d’Afrique subsaharienne francophone. Une étude de cas menée pendant plusieurs années en Bretagne et au Sénégal permettra, grâce aux centaines de témoignages réunis, de comparer les méthodes mises en oeuvre et leurs conséquences. Des comparaisons seront également établies avec divers endroits du monde, y compris au sein de pays sous domination autre que française, où l’on a pu observer l’application de méthodes similaires. L’ensemble de ces données, historiques et contemporaines, en Bretagne, en Europe, au Japon et en Afrique, permettra de constater que des pratiques identiques ne produisent pas partout les mêmes effets, les objectifs poursuivis par l’État-nation n’étant pas les mêmes en métropole et dans les anciennes colonies. De fait, la diversité des langues ne semble pas menacée au Sénégal aujourd’hui, alors que les Bretons ont été poussés à commettre un véritable « suicide linguistique ».