Thèse soutenue

La politique de gestion des risques d’inondation à l’épreuve de l’îléité mahoraise

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Auteur / Autrice : Mathilde Rullier
Direction : Gilles Hubert
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Aménagement de l'espace, Urbanisme
Date : Soutenance le 04/07/2022
Etablissement(s) : Paris Est
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Ville, Transports et Territoires (Champs-sur-Marne, Seine-et-Marne ; 2015-....)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Lab'Urba (Champs-sur-Marne, Seine-et-Marne) - Lab'Urba (Champs-sur-Marne, Seine-et-Marne)
Jury : Président / Présidente : Bruno Barroca
Examinateurs / Examinatrices : Gilles Hubert, Damienne Provitolo, Isabelle Thomas, Nathalie Bernardie-Tahir, Guillaume Jaouen
Rapporteurs / Rapporteuses : Damienne Provitolo, Isabelle Thomas

Résumé

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Mayotte, île de l’Océan Indien, subit des bouleversements sans équivoques depuis sa départementalisation et sa rupéisation. Le « rattrapage » visant l’égalité réelle avec la métropole affecte tous les secteurs (éducation, infrastructure, santé, société, etc.), mais les défis perdurent face à la croissance démographique. Par ailleurs - comme tous les territoires insulaires - cette île a une certaine sensibilité aux impacts néfastes du changement climatique. Son littoral, espace concentrant les enjeux, est particulièrement exposé aux aléas naturels (notamment les inondations) pour cela une attention particulière doit lui être accordée. Cette thèse vise à analyser comment la politique publique de prévention des risques naturels majeurs est déclinée sur l’ile, appropriée par les insulaires et traduite en actions sur le terrain. Cette politique peut être un levier d’amélioration de la gestion des risques d’inondation à l’échelle locale, mais sous certaines conditions.Nous partons du postulat qu’une île, par son caractère insulaire, nécessite de facto des mesures d’adaptation fortes pour mener une politique efficiente. Celle relative aux risques d’inondation, considère le citoyen comme acteur principal autour duquel les objectifs de la politique s’articulent. Or, celui-ci est rarement associé à sa définition et encore moins à sa mise en œuvre. Nous défendons l’idée selon laquelle il est important de prendre en compte les capacités d’action des citoyens à travers les communautés villageoises habitant le littoral pour agir de manière efficiente. Deux matériaux principaux sont utilisés pour comprendre finement le contexte mahorais. D’une part, des entretiens avec les acteurs de la gestion du risque locale (15 entrevues) qui révèlent les obstacles et les enjeux à intégrer dans la mise en œuvre de la politique. D’autre part, une enquête ménage (300 personnes) réalisée sur trois terrains, qui analyse la perception des risques et les comportements de protection adoptés par les Mahorais.Nous articulons notre propos autour de trois arguments clés : (1) la prise en compte de l’îléité – le caractère insulaire- est incontournable pour établir un diagnostic fin des perceptions et du vécu des îliens ; (2) la mise en œuvre du Plan de Gestion des Risques d’Inondation (en application de la directive européenne sur les inondations) est un levier d’action pour la mise en œuvre d’approches participatives concertées ; et (3) l’élaboration d’une approche hybride qui met l’accent sur le renfort des capacités des îliens est essentielle pour générer une culture du risque à la mahoraise. L’îléité mahoraise apparait marquée par les mutations sociétales, où l’habitat moderne, la famille et le socle villageois sont des repères sécurisants. Alors que l’expérience directe d’un risque accroit sa perception, il est devenu impossible de se rendre compte de l’impact de celle-ci sur des littoraux transformés. De plus, les risques sont mal connus par les mahorais qui peinent à s’y adapter consciemment.Par ailleurs, certains piliers de la politique publique de gestion des risques naturels sont inapplicables à Mayotte (par exemple le contrôle de l’usage des sols et le recours à l’assurance pour couvrir les catastrophe naturelles). La prévention reste l’unique point d’accrochage. En somme, la différence de « cultures du risque » entre l’administration et les habitants limite la portée des actions de prévention entreprises par les acteurs institutionnels. Partant de ce constat, la thèse propose des pistes et des outils qui pourraient être adoptés et développés par les gestionnaires du risque d’inondation pour construire une culture du risque créolisée devenue outil de développement durable insulaire