Restaurer - projeter. Les manières d'Eugène Viollet-le-Duc
Auteur / Autrice : | Bérénice Gaussuin |
Direction : | Dominique Rouillard |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Architecture |
Date : | Soutenance le 26/01/2022 |
Etablissement(s) : | Paris Est |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale Ville, Transports et Territoires (Champs-sur-Marne, Seine-et-Marne ; 2010-....) |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : Laboratoire infrastructure architecture territoire |
Jury : | Président / Présidente : Richard Klein |
Examinateurs / Examinatrices : Dominique Rouillard, Martin Bressani, Anne-Marie Châtelet, Philippe Boudon | |
Rapporteurs / Rapporteuses : Martin Bressani, Anne-Marie Châtelet |
Résumé
La restauration suivant Eugène Viollet-le-Duc (1814-1879) a été tour à tour qualifiée de créative (unité de style, restauration d’un système), archéologique (conservation et reconstitution d’après les restes) et anthropologique (restauration de la société tout entière). Ces trois interprétations de la phrase restée célèbre « restaurer un édifice, ce n’est pas l’entretenir, le réparer ou le refaire, c’est le rétablir dans un état complet qui peut n’avoir jamais existé à un moment donné » (Dictionnaire raisonné de l’architecture du XIe au XVIe siècle, vol. 8, 1866) sont envisagées ici comme non exclusives les unes des autres, au contraire, il s’agit ici de les considérer simultanément afin de dénouer la complexité de l’acte de restaurer.À travers les projets de Viollet-le-Duc, cette recherche montre comment la pratique de la restauration de l’architecte est emprunte d’une constance, depuis ses premières expériences du tas jusqu’aux plus tardives. Sa restauration sur les monuments anciens déploie un éventail d’interventions (conservation, démolition, ajout) avec pour effet de supprimer la durée de ces objets résultant pourtant d’une stratification historique : dans ses projets, Viollet-le-Duc fait cohabiter l’état de référence qu’il détermine et son présent (synchronie) sans tenir compte des traces de ce qui s’est produit entre ces deux moments.À travers ses écrits, il s’agit au contraire de montrer la forge progressive d’une théorisation au fil de sa pratique, dont l’article « restauration » publié en 1866 fixe définitivement ce que veut dire restaurer, considérant toute sa pratique et refusant toute formule absolue en la matière si ce n’est d’aboutir à un état complet anhistorique. Cette définition figure dans son Dictionnaire raisonné de l’architecture publié entre 1854 et 1868, ouvrage dans lequel il conserve l’architecture médiévale (catalogue tant archéologique que formel à l’usage des architectes restaurateurs ou créateurs) et son processus de cristallisation lisible dans la présentation diachronique des éléments de l’architecture.Tout est restauration chez Viollet-le-Duc, y compris ses constructions nouvelles, car elles sont la réactivation de la mécanique du projet médiéval en tant qu’elles prolongent dans la création ce que l’architecte a voulu déceler en observant les architectures héritées du Moyen Âge.