Thèse soutenue

Automatiser l'architecture ? Savoir-faire et calculabilité dans la pratique des courants computationnels en architecture (1965-2020)

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Auteur / Autrice : Nadja Gaudillière-Jami
Direction : Matteo PorrinoMario Carpo
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Architecture
Date : Soutenance le 04/02/2022
Etablissement(s) : Paris Est
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Ville, Transports et Territoires
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : GSA - Géométrie Structure Architecture
Jury : Président / Présidente : Antonella Tufano
Examinateurs / Examinatrices : Matteo Porrino, Olivier Coutard, Oliver Tessmann, Jean-Aimé Shu
Rapporteurs / Rapporteuses : Pierre Leclercq, Henriette Bier

Résumé

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Avec le tournant numérique apparaissent à partir des années 60 en architecture de nouvelles méthodes de conception, mais aussi une série de projets expérimentaux, avec pour point commun le recours à des algorithmes et à des outils de programmation – un ensemble de projets que l’on peut regrouper sous l’appellation courant computationnel. Or le recours à un processus de conception procédural, computationnel (informatisé) nécessite de mettre au point une série d’instructions exprimables en langage formalisé, un processus à première vue contradictoire avec les connaissances tacites sur lesquelles s’appuie la pratique architecturale.Le projet de doctorat propose une analyse à trois niveaux de cette série de projets et du recours aux outils de programmation pour la conception spatiale au cours des 50 dernières années. Dans un premier temps, on cherche à caractériser le courant computationnel d’un point de vue technique : quels processus algorithmiques sont utilisés pour la conception architecturale et quels biais techniques ces processus entraînent-ils ? Dans un second temps, on s’intéresse à la dimension socio-historique de ce courant, en se penchant en particulier sur deux approches de la conception procédurale : l’une favorisant une rationalisation des pratiques architecturales et l’autre choisissant d’explorer le versant heuristique, artisanal, qu’implique la maîtrise des techniques de programmation. Enfin, on s’interroge sur une possible épistémologie de l’architecture computationnelle à partir des notions de savoir-faire et calculabilité.Le récit qu’offre la thèse du développement historique du champ éclaire le choix épistémologique que représente le recours aux outils algorithmiques. Interroger les pratiques computationnelles, c’est interroger la nature de l’architecture en tant que discipline. La rationalisation des pratiques observée repose sur une ambition de transformation de la pratique architecturale en pratique scientifique. La popularisation de cette approche relève par ailleurs d’une volonté de se conformer à des contraintes socio-économiques pourtant pas toujours en accord avec les ambitions sociales souvent mises au centre de leur pratique par les architectes. La dimension tacite que certaines des expérimentations prospectives du champ computationnel tentent de saisir est au cœur de l’insaisissable définition de l’architecture, dont la réinterprétation par chaque praticien est considérée comme un aspect caractéristique de la discipline. La formalisation que demande la traduction en instructions explicites peut quant à elle être envisagée comme une exploration méthodologique du processus de conception. La cartographie du champ computationnel et de ses enjeux que propose la thèse offre ainsi un point d’entrée privilégié réinterroger la possibilité d’existence d’une épistémologie de l’architecture