Thèse soutenue

Adaptation, persistance et gestion du saumon atlantique dans un contexte métapopulationnel

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Auteur / Autrice : Amaïa Lamarins
Direction : Mathieu BuoroStephanie M. Carlson
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Physio biologie
Date : Soutenance le 07/12/2022
Etablissement(s) : Pau
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale sciences exactes et leurs applications (Pau, Pyrénées Atlantiques ; 1995-)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : ECOBIOP - Ecologie Comportementale et Biologie des Populations de Poissons - Ecologie Comportementale et Biologie des Populations de Poissons
Jury : Président / Présidente : Katja Susanna Enberg
Examinateurs / Examinatrices : Mathieu Buoro, Marie Nevoux, Nicolas Schtickzelle, Stephanie Carlson, William Satterthwaite
Rapporteurs / Rapporteuses : Marie Nevoux, Nicolas Schtickzelle

Mots clés

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Mots clés contrôlés

Résumé

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Dans un contexte de changements environnementaux rapides et de pressions anthropiques, il est urgent de mieux comprendre les réponses des espèces et d'apporter des recommandations sur la manière de gérer et de concilier les activités humaines avec le fonctionnement des écosystèmes. Cependant, il existe bien souvent un décalage entre l'échelle du fonctionnement des espèces, celle de leurs menaces, et celle des actions de gestion. En particulier, bien que la dispersion soit un trait ubiquite parmi les organismes, les implications de la connectivité et de la structure spatiale pour l'adaptation, la persistance, et la gestion des populations sont encore peu considérées pour de nombreuses espèces. Cela est le cas du saumon Atlantique (Salmo salar), une espèce pour laquelle les dynamiques éco-évolutives, l'exploitation et la gestion des populations sont rarement appréhendées dans une perspective métapopulationnelle. Pourtant, des évidences croissantes montrent des flux d'individus et de gènes entre populations de saumon. Motivée par ce contexte, cette thèse a pour objectif d'utiliser une approche innovante et multi-échelle, du gène à la métapopulation, afin de 1) mieux comprendre les capacités d'adaptation et de persistance de populations exploitées de saumon Atlantique et 2) d'explorer des pratiques de gestion qui respecteraient des objectifs de conservation mais aussi d'exploitation. À l'aide d'un modèle démo-génétique à base d'agent et spatiallement explicite, j'ai simulé un réseau de populations interconnectées de saumon Atlantique basé sur la métapopulation de Bretagne. À travers plusieurs scénarios, j'ai exploré l'influence d'un gradient de taux de dispersion, de diverses structures génétiques spatiales, de la configuration spatiale des populations, et de strategies de gestion spatialisées sur les dynamiques démographiques (e.g., stabilité, persistance) et éco-évolutives (e.g., traits d'histoire de vie, diversité génétique) de populations locales interconnectées et exploitées. Cette thèse a mis en évidence une relation non-linéaire entre les taux de dispersion et la stabilité de la métapopulation, avec un effect portfolio optimal pour des taux de dispersion autour de 20% pour un réseau homogène. À l'échelle des populations locales, j'ai démontré des changements phénotypiques induits par des effets densité-dépendants modulés par la dispersion, ainsi qu'une augmentation de la diversité génétique au sein des populations. Les simulations ont également montré que l'adaptation des populations locales était favorisée par la dispersion entre des populations initialement diversifiées, confortant ainsi la théorie des réseaux d'adaptation. Cependant, la configuration spatiale des populations a également joué un rôle important sur leurs trajectoires évolutives en modulant les patrons de dispersion. Enfin, cette thèse a illustré un léger avantage pour une stratégie de gestion protégeant les populations sources de l'exploitation, en particulier pour des taux de dispersion élevés. Des conséquences évolutives contrastées et complexes ont également emergé des différentes stratégies de gestion en interaction avec la dispersion. Je conclus de cette thèse qu'il est essentiel de tenir compte des interactions complexes entre la dispersion, les processus éco-évolutifs et la structure spatiale des populations pour mieux comprendre et gérer la réponse du saumon Atlantique aux changements environnementaux et aux pressions anthropiques. Cette thèse encourage également les connaissances empiriques sur les taux de dispersion et la structure des métapopulations de cette espèce, et plaide pour des actions de conservation selon l'approche portfolio et de réseau d'adaptation, en protégeant la connectivité et la biocomplexité. Ma thèse ouvre de nouvelle perspectives de travail et illustre le potentiel de notre approche de modélisation comme outil de prospective pour la recherche théorique et appliquée sur les métapopulations.