Thèse soutenue

Gestion évolutive de la diversité intraspécifique chez la truite commune

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Auteur / Autrice : Dorinda Folio
Direction : Jacques LabonneArnaud Caudron
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Physio biologie
Date : Soutenance le 28/11/2022
Etablissement(s) : Pau
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale sciences exactes et leurs applications (Pau, Pyrénées Atlantiques ; 1995-)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : ECOBIOP - Ecologie Comportementale et Biologie des Populations de Poissons - Ecologie Comportementale et Biologie des Populations de Poissons
Jury : Président / Présidente : François Lefèvre
Examinateurs / Examinatrices : Nicolas Poulet, Lisa Jacquin, Annabel Porté
Rapporteurs / Rapporteuses : François Lefèvre, Nicolas Poulet

Mots clés

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Mots clés contrôlés

Résumé

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Les patrons de diversité actuels résultent souvent d'une évolution allopatrique, menée par des processus adaptatifs ou non adaptatifs. Le mélange de pools génétiques précédemment isolés, dû à des actions anthropogéniques, mène souvent à des flux de gènes et à de l'hybridation. La gestion de la diversité intraspécifique est donc un enjeu majeur, dans la mesure où la diversité représente un mécanisme de résilience pour les populations, mais aussi car elle recèle des valeurs économiques et patrimoniales. Un exemple typique est le mélange des lignées atlantique (ATL) et méditerranéenne (MED) de la truite commune (Salmo trutta). En zone Méditerranéenne, un siècle de repeuplement intensif à partir de la lignée ATL a entraîné une introgression variable des populations MED par des gènes ATL, allant de la résilience des allèles MED à leur disparition, en passant par une hybridation complète. Les pratiques de gestion historiques visant à restaurer les populations MED n'ont pas atteint leurs objectifs de conservation car les mécanismes éco-évolutifs (MEEs) à l'origine de l'hybridation n'ont pas été pris en compte. En effet, des études empiriques ont mis en évidence deux moteurs potentiels de l'hybridation : une préférence hétérogame des femelles et une survie embryo-larvaire différentielle basée sur des interactions génotype x environnement (GxE) - impliquant le génotype maternel et la température de l'eau.Ma thèse a pour but d'étudier comment ces MEEs interagissent avec d'autres facteurs écologiques, génétiques et démographiques pour influencer l'évolution de la diversité intraspécifique, dans un cadre spatio-temporel réaliste. Pour ce faire, j'ai rassemblé toutes les connaissances disponibles, tant écologiques qu'évolutives, pour créer un modèle démo-génétique individu-centré (DG-ABM) : MEDITERRANEA. Ce DG-ABM m'a permis de considérer (i) les MEEs de l'hybridation, (ii) leurs bases génétiques, (iii) des variations de paramètres écologiques, ainsi que (iv) des pratiques de gestion. In fine, mon objectif était de répondre à une question : les mécanismes éco-évolutifs sont-ils vraiment importants pour la gestion de la diversité intraspécifique ? Pour faire simple, dans le cas présent, oui.En me basant sur de multiples cas d'étude (réels et fictifs), j'ai comparé différents scénarios, incluant ou non les MEEs, et considérant des stratégies de gestion alternatives. La préférence hétérogame influence à peine l'évolution de la diversité. A l'inverse, les interactions GxE jouent un rôle structurant dans l'évolution de la diversité. Dans les environnements froids, la mise en œuvre de ce MEE a conduit à une sélection contre les allèles ATL hérités maternellement. La force de cette sélection change principalement avec des variations de température, ce qui souligne l'importance des conditions locales. En outre, les résultats simulés sont plus proches des données empiriques lorsque les interactions GxE sont prises en compte. Enfin, la mise en œuvre des interactions GxE modifie le résultat des stratégies de gestion, ainsi que leur efficacité lorsqu'elles sont combinées à des variations de température. Par conséquent, la gestion de la diversité devrait toujours être spécifique à chaque contexte et tenir compte de ces mécanismes, ainsi que leurs facteurs écologiques sous-jacents. En effet, des connaissances sur les MEEs structurant la diversité pourraient permettre la construction de stratégies de gestion plus efficaces et inspirées par l'évolution. Le modèle MEDITERRANEA représente donc un outil innovant de soutien à la prise de décision pour les gestionnaires. Par exemple, il sera possible de répondre simultanément à plusieurs objectifs de gestion, tels que la conservation de la diversité native dans certaines zones, mais aussi la maximisation du potentiel évolutif dans son ensemble dans d'autres zones, afin de faire face aux variations environnementales futures.