Ré-expérimenter la participation citoyenne dans les soins de première ligne : une recherche-action sur les dynamiques participatives au sein de maisons de santé en quartier populaire
Auteur / Autrice : | Julie Cachard |
Direction : | Pierre Lombrail, Cécile Fournier |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Santé publique |
Date : | Soutenance le 28/11/2022 |
Etablissement(s) : | Paris 13 |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale Érasme (Villetaneuse, Seine-Saint-Denis) |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : Laboratoire Éducations et pratiques de santé (Bobigny) |
Jury : | Président / Présidente : Isabelle Aujoulat |
Examinateurs / Examinatrices : Isabelle Aujoulat, Julie Haesebaert, Laurent Visier, Johann Cailhol | |
Rapporteurs / Rapporteuses : Julie Haesebaert, Laurent Visier |
Mots clés
Résumé
La participation citoyenne est devenue un nouveau paradigme de l'action sociale. Malgré une institutionnalisation de la place des usagers dans les réformes successives du système de santé, peu de textes viennent soutenir cette participation citoyenne dans le champ du soin. Elle semble néanmoins apparaitre au sein de nouvelles organisations des soins de première ligne. Depuis quelques années, avec l'émergence des maisons de santé pluri-professionnelles, s'observe un renouveau de pratiques dites « participatives de proximité », notamment en quartier populaire. Vouloir spontanément donner une place plus active aux habitants et aux patients, dans des structures de soins constituées de professions de santé libérales est inattendu. L'objet de cette thèse est de comprendre les enjeux autour du nouvel essor de ces pratiques. Décrire ces pratiques, la façon dont elles s'organisent ; comprendre qui est impliqué, pour quelles raisons ; saisir les opportunités, les difficultés et les tensions qui les traversent ; ainsi que leurs effets, sont autant de zones d'ombres actuelles que cette thèse vise à éclairer. Pour cela, durant cinq années d'immersion dans le cadre d'une recherche-action, une actrice-chercheuse a compilé le matériau provenant d'entretiens et d'observations, au fil des pratiques courantes et au cours de débats organisés entre ces équipes. Son analyse s'appuie sur un cadre théorique de sociologie interactionniste et convoque le concept d'injustices épistémiques pour éclairer certains effets de ces pratiques, sur la production et la circulation de savoirs sur la santé. L'essentiel des résultats révèle des pratiques participatives variées, depuis la consultation des habitants sur les besoins de santé du territoire jusqu'à une participation des usagers à la gouvernance des maisons de santé. Les professionnels, selon leurs trajectoires, s'engagent dans ces pratiques participatives selon trois motivations principales : réduire les inégalités sociales, réformer l'organisation des soins de première ligne et rechercher une amélioration de leurs pratiques. La participation des patients et des habitants est plus ou moins effective, selon qu'ils sont appelés à participer, à servir de tiers facilitateurs ou sont auto-positionnés dans les espaces de gouvernance. Dans tous les cas, ces dynamiques sont traversées par un nombre important de tensions. Les effets favorables constatés sur les pratiques professionnelles et sur la santé des individus et des communautés sont sensibles aux changements de contexte et facilement fragilisés par les luttes de pouvoir.