De la démotivation à l'engagement dans le travail Processus de subjectivation dans un atelier chantier d’insertion
Auteur / Autrice : | Sophie Mercier-Millot |
Direction : | Pascale Molinier, Valérie Ganem |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Psychologie |
Date : | Soutenance le 19/10/2022 |
Etablissement(s) : | Paris 13 |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale Érasme (Villetaneuse, Seine-Saint-Denis) |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : Unité transversale de recherche psychogenèse et psychopathologie (Saint-Denis, Seine-Saint-Denis ; 2009-....) |
Jury : | Président / Présidente : Malika Mansouri |
Examinateurs / Examinatrices : Didier Drieu, Morgane Kuehni, Éric Hamraoui, Patrick Cingolani | |
Rapporteur / Rapporteuse : Didier Drieu, Morgane Kuehni |
Mots clés
Mots clés contrôlés
Mots clés libres
Résumé
Cette recherche de thèse porte sur l’analyse du travail et les processus de subjectivation à l’œuvre dans un Atelier chantier d’insertion (ACI) dans le cadre d’une problématique nouée autour de la question de la démotivation des salarié.es en parcours d’insertion à l’égard de l’accompagnement vers l’emploi. L’épistémologie centrale est celle de la psychodynamique du travail qui s’attache à l’analyse des enjeux psychiques du sujet au travail. L’enquête menée sur ce terrain présente la particularité de porter à la fois sur le travail des personnes en parcours et sur celui des permanent.es de la structure. L’investigation conjointe décrit la façon dont les travailleurs et les travailleuses parviennent à s’affronter au prescrit d’insertion, comment ils et elles se défendent de la souffrance - au sens conceptuel de la psychodynamique du travail - induite par le « sale boulot » sur le chantier et par l’objectif institutionnel. Après avoir replacé le dispositif d’insertion en perspective de l’histoire de la grande pauvreté qui l’a construit, cette recherche propose une déconstruction critique de la problématique de démotivation qui se révèle être une négation du désir des salarié.es et une casse de leur mobilisation spontanée. L’abandon de la focale de la démotivation, au profit d’une problématique d’engagement dans le travail montre que les processus de subjectivation se déploient pour l’essentiel en marge de l’accompagnement. Leur destin n’est pas fixé à l’avance. Les résultats indiquent que les professionnel.les travaillent en s’appuyant à la fois sur les ressources de la désobéissance civile et sur une stratégie péjorative souple pour se protéger de la souffrance éthique. Du côté des salarié.es en insertion, il apparait que la marge de liberté laissée par l’organisation du travail offre un espace de coopération propice à la pratique de réticences discrètes qui leur permet de s’extraire des processus de domination contextuels et finalement d’emprunter une voie émancipatoire. Ainsi si le rejet de l’accompagnement professionnel constitue la partie initialement visible des subjectivations en cours, leur prolongement dans d’autres sphères de leur vie pourrait se révéler être la réussite majeure du chantier. En conséquence, le succès en matière d’émancipation ou du moins de la possibilité d’une émancipation - pourrait-il se partiellement se mesurer à l’aune de la réticence des salarié.es aux attendus du dispositif.