Thèse soutenue

Vivre l’expérience de l’évaluation : contributions micro-phénoménologiques. Essai d'une méthodologie descriptive de la subjectivité dans la professionnalité évaluative

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Auteur / Autrice : Alban Roblez
Direction : Martine Janner-RaimondiChristophe Blanchard
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Sciences de l'éducation
Date : Soutenance le 14/06/2022
Etablissement(s) : Paris 13
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Érasme (Villetaneuse, Seine-Saint-Denis)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Centre de recherche interuniversitaire Expérience, ressources culturelles, éducation (Villetaneuse, Seine-Saint-Denis)
Jury : Président / Présidente : Carole Baeza
Examinateurs / Examinatrices : Christophe Blanchard, Carole Baeza, Augustin Mutuale, Amaël André, Lucie Mottier Lopez, Charles Hadji
Rapporteurs / Rapporteuses : Augustin Mutuale, Amaël André

Résumé

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Cette thèse s’inscrit dans les sciences de l’éducation et de la formation, et plus particulièrement en philosophie de l’éducation (Morandi, 2003 ; Mutuale & Berger, 2020 ; Reboul, 2020). Après un état de l’art sur les différentes approches de l’évaluation, ce travail doctoral vise à rendre compte des expériences vécues des pratiques d’évaluation par les évaluateurs eux-mêmes, car ses dimensions restaient à développer. Pour cela, j’ai eu recours à une « micro-phénoménologie pratique », inspirée des travaux de Depraz (2009, 2012), Depraz et al. (2011) et Vermersch (2012). L’enquête empirique s’est déroulée dans le milieu de la formation professionnelle, dans le secteur de l’animation entre septembre 2018 et juillet 2021 en plein contexte de pandémie de la COVID 19. Les vécus d’expériences de quatre évaluateurs ont ainsi été recueillis : d’une part, afin de décrire les contenus concernant les déroulements temporels (Vermersch, 2012) de chaque expérience, ainsi que les exemples (Depraz, 2009, 2012) donnés comme tels dans les entretiens ; ces éléments ont été mis en relation avec des séances d’évaluation, observées in situ (huit observations ont été réalisées). D’autre part, j’ai prêté attention au langage de l’éprouvé (Depraz, 2009, 2012 ; Janner-Raimondi, 2017 ; Riegel et al., 2016) afin de repérer comment ce langage venait préciser et nuancer l’expérience décrite et racontée par le sujet. Enfin, les « résonances » au sens de Rosa (2018) ont également été examinées au regard de ce dont moi-même je fais l’expérience lors de cette enquête. Les principaux résultats montrent qu’une expérience évaluative est un vécu de perception(s) et d’intention(s) autant qu’un vécu d’actions. À partir des éléments micro-phénoménologiques dégagés, il a été possible de repérer la prégnance de la relation du sujet à son espace, aux sujets-alter-ego et aux objets présents in situ. Ces composantes caractériseraient le fait évaluatif. Ensuite, les données recueillies ont permis, après analyse, d’élaborer la thèse selon laquelle : actions, perceptions et intentions se configurent phénoménologiquement chez le sujet qui pilote l’évaluation selon au moins deux dynamiques attentionnelles, présentées sous la forme de deux hypothèses phénoménologiques. La première consiste à poser que le sujet évaluateur habite (Heidegger, 1958) le fait évaluatif dans le sens de sa mise en chair et de son expérientialité dans un espace réel et symbolique propre. La seconde réside dans l’idée que ce sont les valeurs du sujet (Scheler, 1955) qui évalue qui façonnent le fait évaluatif dans son vécu. Cette recherche conduit in fine à poursuivre le projet d’une phénoménologie de l’évaluation dans le sillage des travaux de Hadji (2021), constituée d’un espace de dia-logos : un lieu et un temps où expériences, savoirs et échanges se tissent ensemble pour une visée humaniste (Idem.), à l’heure où une technologie de l’évaluation règne largement. Dans cette recherche, la micro-phénoménologie est autant une voie d’accès à l’expérience vécue en première personne, qu’une méthode d’analyse et une posture scientifique qui permet d’appréhender l’acte évaluatif en chair et en os non sans lien à l’ouverture empathique (Janner-Raimondi, 2017) grâce aux relations dialogiques établies. Elle permet ainsi d’accéder à des données sensibles peu abordées ou considérées jusque-là, en raison de la dominante technique de l’évaluation qui règne actuellement.