Thèse soutenue

L'atomisme et la causalité, d’Ibn Sīnā à Fahr ad-Din ar-Razi : étude épistémologique et théologique

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Auteur / Autrice : Abdelouahab Rgoud
Direction : Ali Benmakhlouf
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Philosophie
Date : Soutenance le 08/10/2022
Etablissement(s) : Paris 12
Ecole(s) doctorale(s) : Ecole doctorale Cultures et Sociétés
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Lettres, Idées, Savoirs (Créteil) - Lettres, Idées, Savoirs
Jury : Président / Présidente : Jean-Baptiste Brenet
Examinateurs / Examinatrices : Ali Benmakhlouf, Cristina D'Ancona Costa, Cristina Cerami, David Z. Albert, Frank Griffel
Rapporteurs / Rapporteuses : Cristina D'Ancona Costa, Cristina Cerami

Résumé

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Dans le monde médiéval, contrairement à la science dite moderne, les questions physiques (continuité, lieu, temps, atome, causalité) sont indissolublement théologiques et physiques. Nous nous sommes attachés à mettre en évidence l’apport différencié, mais ô combien décisif, des deux ensembles de paradigmes concurrents : les paradigmes théologiques spéculatifs islamiques (al-Kalam) et les paradigmes philosophiques (falsafa). La concurrence entre ces deux approches du monde, vis-à-vis des instances politiques, est l’un des moteurs de la richesse et de la rigueur des argumentaires déployés, au sein des discussions portant sur les différents points de tension, voire d’oppositions frontales, entre les deux ensembles paradigmatiques. Dans le paradigme de la Falsafa, Ibn Sina expose une proposition originale sur le plan de la causalité, dans le domaine de la métaphysique, se démarquant sur de nombreux points des démonstrations du Premier Maître, Aristote. Nous avons examiné ses propositions, mais également leur réception critique de la part d’Al-Ghazali. Ce dernier, philosophe et théologien, fervent opposant à la métaphysique aristotélicienne, usant parfois de sophismes, mais mettant souvent le doigt sur des insuffisances d’ordres épistémologiques de la proposition d’Ibn Sina, ouvre la porte à un retournement épistémologique global, en trois temps et trois œuvres, de la part d’Ibn Rushd. Ce dernier s’attache particulièrement à réhabiliter la pratique de la philosophie, spécifiquement dans le domaine de la métaphysique, en usant d’une véritable thérapeutique philosophique, visant à dissiper les crampes mentales qui surgissent lorsque les concepts usités sont mal définis. Il proposera une nouvelle dichotomie des existants, en trois niveaux d’existence, dont la dynamique est régie par trois principes de causalité : le principe de causalité logique, répartissant les existants en possibles et impossibles, le principe de causalité métaphysique, répartissant les universaux en contingents et nécessaires, et, enfin, le principe de causalité physique, répartissant les particuliers en potentiels et effectifs. Face à cette proposition, nous avons examiné, à travers l’étude du traité de Fahr ad-Din ar-Razi, Preuves de l’atomisme, les propositions des théologiens, reposant sur une approche atomiste du Monde, et un rôle direct de Dieu, seule cause directe de tous les effets du Monde, ce que Malbranche nomme l’occasionnalisme.