Identification de biomarqueurs pronostiques alvéolaires et sanguins au cours du syndrome de détresse respiratoire aiguë infectieux
Auteur / Autrice : | Inès Bendib Le Lan |
Direction : | Nicolas de Prost, Véronique Godot |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Pathologie et recherche clinique |
Date : | Soutenance le 24/05/2022 |
Etablissement(s) : | Paris 12 |
Ecole(s) doctorale(s) : | Ecole doctorale Sciences de la Vie et de la Santé (Créteil ; 2000-....) |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : Institut Mondor de Recherche Biomédicale (Créteil) - Institut Mondor de Recherche Biomédicale / IMRB |
Jury : | Président / Présidente : Frédéric Pene |
Examinateurs / Examinatrices : Nicolas de Prost, Véronique Godot, Fabienne Venet, Antoine Guillon, Guillaume Voiriot | |
Rapporteur / Rapporteuse : Fabienne Venet, Antoine Guillon |
Mots clés
Mots clés contrôlés
Mots clés libres
Résumé
Le syndrome de détresse respiratoire aiguë (SDRA) est la forme la plus grave d'insuffisance respiratoire hypoxémiante aiguë et touche 10 % des patients admis en unités de soins intensifs. Les infections pulmonaires représentent la majorité des facteurs de risque du SDRA. La mortalité hospitalière du SDRA est de 40 %, possiblement en raison de l'énorme hétérogénéité au sein de ce syndrome. Comme la plupart des interventions pharmacologiques testées dans le SDRA ont donné des résultats décevants, l'identification de biomarqueurs de gravité de la maladie, cibles thérapeutiques potentielles, est devenue un axe de recherche majeur. Alors que le sang a été l'échantillon biologique le plus couramment utilisé pour rechercher des biomarqueurs candidats, le liquide de lavage broncho-alvéolaire (LBA) est l'échantillon le plus proche du site de la lésion et reflète plus précisément l'environnement pulmonaire local. Dans notre travail de recherche translationnelle, nous avons concentré nos recherches sur le compartiment alvéolaire dans le contexte du SDRA induit par la pneumonie. Dans un premier temps, nous avons quantifié les NETs (neutrophils extracellular traps) alvéolaires et sanguins chez trente-cinq patients immunocompétents atteints de SDRA induit par une pneumonie et nous avons évalué leur lien avec le nombre de jours sans ventilation mécanique. Nous avons observé que les NETs étaient élevés dans le sang et le LBA, étaient associés aux taux d'interleukine-8 (IL-8) et à celui des neutrophiles ; mais n'étaient pas associés à la mortalité ou à la durée de la ventilation mécanique. Secondairement, nous avons évalué l'interrelation des biomarqueurs de SDRA septique dans les compartiments alvéolaire et sanguin et avons exploré leur association avec le pronostic du SDRA induit par une pneumonie. Pour ce faire, nous avons quantifié 22 biomarqueurs dans le LBA et le sérum, ainsi que l’expression d’ HLA‑DR par les monocytes alvéolaires chez 70 patients atteints de SDRA induit par une pneumonie. Nous avons constaté que l'IL-8 était la cytokine la plus compartimentalisée et que, après ajustement sur des facteurs confondants, des ratios de concentration LBA/sérum faibles d'IL-1Ra étaient associés à la mortalité hospitalière. Malgré le fait qu'une diminution de l'expression monocytique d’HLA-DR soit utilisée comme marqueur d’immunosuppression induite par le sepsis, nous n'avons pas observé d'association significative entre l'expression d’HLA-DR monocytaire alvéolaire et la mortalité hospitalière. Dans un troisième temps nous avons profité de la récente technique de coloration intracellulaire en cytométrie en flux pour évaluer si l'expression d’HLA-DR par les monocytes alvéolaires était associée à leurs altérations fonctionnelles. Nous avons réalisé des tests fonctionnels sur des monocytes alvéolaires et sanguins après stimulation in vitro par des lipopolysaccharides (LPS). L'activité de phagocytose et la production intracellulaire du facteur de nécrose tumorale (TNF) ont été quantifiées à l'aide d'anticorps spécifiques conjugués au fluorochrome. Dix patients atteints de SDRA lié à une pneumonie présentaient une expression d’HLA-DR significativement plus faible à la fois sur les monocytes circulants et alvéolaires. Chez les patients atteints de SDRA lié à une pneumonie, notre étude a démontré que les monocytes ont un statut désactivé et une capacité de production de cytokines inflammatoires altérée mais conservent une activité phagocytaire similaire à celle des témoins non SDRA. Cependant, le niveau d'expression d’HLA-DR sur les monocytes alvéolaires ne semble ni être marqueur de substitution de leur activité ni un biomarqueur pronostic du SDRA induit par une pneumonie. L'absence d’identification de biomarqueur spécifique du pronostic du SDRA doit nous pousser à faire un phénotypage plus approfondi et une analyse intégrative des sources de variation étiologique, physiopathologique et biologique afin de proposer une médecine de précision.