Thèse soutenue

Le spectre de l'addiction : approche dimensionnelle, analyse conceptuelle et implications éthiques

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Auteur / Autrice : Anthony Ferreira
Direction : Denis Forest
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Philosophie
Date : Soutenance le 13/12/2022
Etablissement(s) : Paris 10
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Connaissance, langage, modélisation (Nanterre, Hauts-de-Seine ; 1992-....)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Institut de recherches philosophiques (Nanterre ; 2015-....)
Jury : Président / Présidente : Maël Lemoine
Examinateurs / Examinatrices : Denis Forest, Maël Lemoine, Serge Ahmed, Jean-Claude Dupont, Claire Etchegaray
Rapporteur / Rapporteuse : Serge Ahmed, Jean-Claude Dupont

Mots clés

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Résumé

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Le modèle dominant d’addiction est un modèle neurobiologique le Brain Disease Model of Addiction (BDMA) qui la définit comme maladie chronique évolutive et irréversible. Il a cependant peu d’intérêt pratique. Les manifestations de l’addiction telles que l’épidémiologie et la clinique les présentent s’écartent de sa description et de ses prévisions. Nous défendons l’hypothèse selon laquelle l’addiction est un désordre de type spectre, que cette approche permet de rendre compte des formes de son expression, d’unifier le phénomène et d’en proposer une explication sur la base d’un mécanisme commun à toutes les formes d’addiction. Nous proposons que le BDMA organise les résultats des neurosciences à partir d’engagements théoriques issus de la théorie du choix rationnel, et faisons l’hypothèse que cette théorie idéaliste contestée dans son champ disciplinaire ne convient pas et considérons l’addiction à partir des avancées de la psychologie behavioriste sous l’angle d’une rationalité limitée. L’addiction apparaît alors comme relevant de l’akrasie. Nous faisons l’hypothèse qu’il n’existe qu’une addiction, et qu’elle est toujours une addiction à un certain type de comportement d'adaptation qui a d'abord été considéré comme efficace. Nous redéfinissons le concept d’addiction, proposons qu’elle se manifeste par une structure de choix spécifique, que le choix addictif a un jour été le nôtre et que sa réactualisation rappelle une jurisprudence, un jugement que nous avons rendu. Nous proposons qu’elle peut être considérée comme une maladie, et défendons une approche pragmatique ; la question est moins de savoir si l'addiction est une maladie que savoir quand il est utile de dire à un addict qu'il est malade. Nous faisons l’hypothèse qu’en plus d’être une transgression, l'addiction est considérée comme un outrage ce qui justifie la stigmatisation de l’addict. Nous proposons d’envisager la responsabilité de l’addict sans y ajouter un blâme outragé.