L'idéologie de l'attractivité : saisir la fabrique urbaine par l'ethnographie du ''promoteur''
Auteur / Autrice : | Flavia Pertuso |
Direction : | Alessia de Biase |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Aménagement et urbanisme |
Date : | Soutenance le 11/10/2022 |
Etablissement(s) : | Paris 10 |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale Espaces, Temps, Cultures (Nanterre, Hauts-de-Seine ; 2000-....) |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : Laboratoire Architecture, ville, urbanisme, environnement (Nanterre, Hauts-de-Seine, France ; 2010-....) |
Jury : | Président / Présidente : María A. Castrillo Romón |
Examinateurs / Examinatrices : Alessia de Biase, María A. Castrillo Romón, Marco Cremaschi, Gilles Pinson, Laurent Devisme | |
Rapporteur / Rapporteuse : Marco Cremaschi, Gilles Pinson |
Résumé
Face à la politique d'austérité, qui s’impose depuis les années 1980 comme politique économique dominante, les acteurs publics locaux sont appelés à rationaliser les dépenses, à s’ouvrir aux logiques de marché et à travailler en partenariat avec le secteur privé tant dans l’aménagement des territoires que dans d’autres domaines (santé, recherche,etc). L'acteur économique privé de l’immobilier, communément appelé «le promoteur»,remonte ainsi la chaîne de la fabrique urbaine. Passant de l’échelle de l’immeuble à celle du quartier, il prend une place stratégique dans la construction matérielle et symbolique de la ville. Cette thèse se propose de lire la transformation urbaine du point de vue du « promoteur », car son rôle et la place qu'il occupe demeurent encore opaques dans les études urbaines. De plus, utiliser une approche anthropologique apparaît comme une opportunité pour saisir les logiques et les enjeux de la fabrique de la ville et leurs effets spatiaux (standardisation, privatisation, densification, rupture d'échelle, etc). Grâce à une ethnographie de deux ans chez «le promoteur», la thèse propose donc de suivre et de comprendre «du dedans» l’élaboration d’un projet urbain dans une métropole française pour mettre en lumière l'articulation entre enjeux, jeux d’acteurs et imaginaire(s) dont le projet spatial découle. D’un côté, cette thèse répond au besoin de comprendre une figure majeure de la transformation urbaine, dont l'étude ne peut faire abstraction des logiques économiques et financières sous-jacentes. De l’autre, elle contribue à une réflexion anthropologique sur le « faire la ville » en œuvre aujourd'hui. Elle permet, au-delà de révéler la dimension spatiale du projet, de restituer les dynamiques et les logiques régissant la fabrique urbaine entre « quantophrénie », transfert du risque et enfermement dans le cadre dogmatique de l’économie néoclassique. Elle questionne ainsi la notion de valeur en mettant en exergue la limitation de sa définition aux strictes champs économique et financier. En aval d’un cheminement dans les interstices du processus de projet, composé de circuits et de court-circuits, la thèse propose enfin l'hypothèse selon laquelle la « chute des grands discours » relèverait d'un glissement du « mythe fondateur » donnant un caractère idéologique à un phénomène gestionnaire : l’attractivité. Ouvert par un prologue traçant un portrait de l’opérateur privé sur la base de ses propres récits sur sa pratique et son rôle dans la transformation de la ville, la thèse se construit autour d’un récit ethnographique diachronique qui restitue le processus de projet observé entre écriture narrative et description dense. Articulée en trois parties (De la commande, De la réponse et Du projet) cette thèse amène le lecteur dans le quotidien de l’opérateur privé en œuvre, avec et/ou face à l’acteur public,déconstruisant ainsi une vision dichotomique de ces deux univers.