Thèse soutenue

Le pouvoir au miroir du faux : les impostures politiques dans les mondes hellénistique et romain (IIe siècle av. J.-C. - IIIe siècle apr. J.-C.)

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Auteur / Autrice : Mathias Nicolleau
Direction : Frédéric Hurlet
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Histoire ancienne
Date : Soutenance le 14/06/2022
Etablissement(s) : Paris 10
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Espaces, Temps, Cultures (Université Paris Nanterre)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Archéologies et sciences de l'Antiquité (Nanterre ; 1999-....)
Jury : Président / Présidente : Claudia Moatti
Examinateurs / Examinatrices : Frédéric Hurlet, Claudia Moatti, Laurent Capdetrey, Yann Rivière, Isabelle Cogitore, Tanja Itgenshorst
Rapporteurs / Rapporteuses : Laurent Capdetrey, Yann Rivière

Résumé

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Cette thèse cherche à déterminer les circonstances qui ont conduit des populations parfois nombreuses à se rallier à des imposteurs qui, dans le monde hellénistique à partir du IIe siècle av. J.-C., puis dans la Rome républicaine et sous le Principat ont usurpé l'identité de rois, de sénateurs ou de princes. L'analyse nécessite de faire attention à la dimension littéraire des sources disponibles, puisque les auteurs élaborent la matière historique pour qu'elle serve leurs projets littéraires. Ces récits, de fait, recèlent de lieux communs et visent bien souvent à ôter toute dimension politique à l'affaire, en expliquant le ralliement des foules aux imposteurs par leur perversion, leur crédulité, ou en alléguant une troublante ressemblance physique qui réduit l'événement à une banale tromperie sur la personne. Pourtant, le simple fait de croire aux prétentions de l'imposteur malgré le démenti des autorités constitue déjà un acte de défiance à l'encontre du pouvoir. Pour gagner le soutien des populations, les imposteurs doivent répondre à leurs attentes spécifiques. À Rome, ils se font passer pour les descendants de figures populaires qui passent pour les défenseurs de la plèbe (les Gracques, Marius) : en se ralliant à eux, celle-ci manifeste donc ses revendications politiques. Dans l'Orient grec, les imposteurs royaux profitent des dissensions dynastiques, ou, comme Andriscos, prennent la tête de mouvements de résistance face à l'hégémonie romaine, en incarnant la figure du roi traditionnel. Ces événements témoignent de la force du sentiment monarchique dans ces régions, qui perdure à l'époque impériale, comme en attestent les apparitions du faux Drusus et des faux Néron : le pouvoir romain, à cette date, est accepté à condition que l'empereur agisse en « bon roi ».