Les collections de merveilles du cinéma de Johan van der Keuken
Auteur / Autrice : | Marie Eve Loyez |
Direction : | Barbara Le Maître, Michèle Garneau |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Arts du spectacle : Cinéma |
Date : | Soutenance le 08/06/2022 |
Etablissement(s) : | Paris 10 en cotutelle avec Université de Montréal (1978-....) |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale Lettres, langues, spectacles (Nanterre, Hauts-de-Seine ; 2000-....) |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : Histoire des arts et des représentations (Nanterre) |
Jury : | Président / Présidente : Hervé Joubert-Laurencin |
Examinateurs / Examinatrices : Barbara Le Maître, Michèle Garneau, Hervé Joubert-Laurencin, Viva Paci, Benjamin Thomas, Philippe Despoix, Silvestra Mariniello, Peter Szendy | |
Rapporteurs / Rapporteuses : Viva Paci, Benjamin Thomas |
Mots clés
Résumé
La présente thèse propose de traverser l’ensemble de l’œuvre cinématographique de Johan van der Keuken (1938-2001) en suivant le fil de la collection. Partant d’une reconnaissance de curieuses configurations d’objets et de corps rappelant les chambres de merveilles de la Renaissance et les entresorts du 19ème siècle, elle élabore un cadre théorique original fondé sur des travaux de Stanley Cavell, Gilles Deleuze et Siegfried Kracauer, afin d’analyser ce qui dans ce cinéma réfléchit le devenir filmique d’objets et d’êtres vivants saisis à même la vie ordinaire. Cette analyse s’enracine dans la pratique d’une forme d’ekphrasis qui veut épouser les rythmes, mouvements et inflexions de ce cinéma et de ses personnages, dont l’écriture répète les collections musicales. La thèse expose ainsi les responsabilités du cinéaste aux prises avec diverses formes de difformités, de marginalité et d’exclusion dues au colonialisme et à la logique réifiante du monde capitaliste, et montre comment les images qu’il réalise par les moyens propres au médium cinématographique manifestent un regard qui à la fois assume la violence inhérente à ce médium et parvient à en faire un instrument d’émerveillement. Ce regard collectionneur et merveillant affronte résolument l’exhibition, le voyeurisme, la stigmatisation, le sensationnalisme, l’accumulation, l’abstraction, la dispersion, la réification, pour en dégager une ligne de fuite au lieu d’en reconduire la violence. Tout en les heurtant, il suscite dans notre regard et notre écoute un amour du monde tel qu’il est. Van der Keuken met ainsi en œuvre, jusque dans le dernier film qu’il réalise alors qu’il est mis devant l’inévitabilité de sa propre mort, une éthique du cinéma dans l’oscillation entre merveille monstrueuse et merveille merveilleuse.