Thèse soutenue

Se (faire) suspendre : étude des processus psychiques à l'oeuvre chez des pratiquants de la suspension corporelle
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Auteur / Autrice : Alexia Bellut
Direction : Nathalie de Kernier
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Psychologie
Date : Soutenance le 14/01/2022
Etablissement(s) : Paris 10
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Connaissance, langage, modélisation (Nanterre)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : CLInique PSYchanalyse Développement (2014-... ; Nanterre)
Jury : Président / Présidente : Vincent Estellon
Examinateurs / Examinatrices : Nathalie de Kernier, Vincent Estellon, Suzanne Léveillée, François-David Camps, Magali Ravit
Rapporteurs / Rapporteuses : Vincent Estellon, Suzanne Léveillée

Mots clés

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Résumé

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Dans une approche psychodynamique, ce travail de thèse s’intéresse aux fonctionnements psychiques de huit pratiquants de la suspension corporelle, à travers des entretiens semi-directifs et des méthodes projectives (Rorschach et T.A.T). Cette pratique extrême consiste à se (faire) suspendre par des crochets percés dans la peau. Elle s’expérimente avec l’aide d’un professionnel et a généralement lieu devant un groupe de spectateurs. Nous rencontrons quatre sujets en France et quatre autres au Québec où cette pratique trouve son origine dans un rite initiatique amérindien. Cette recherche interroge le sens et les fonctions psychiques de cet agir et propose différentes pistes de réflexions en lien avec le traumatisme. Nous constatons que la douleur extrême et la présence du groupe sont investis comme des substituts venant pallier la défaillance des enveloppes psychiques chez ces sujets. Le recours à la suspension corporelle témoigne également d’une tentative de « passage en force » d’un processus adolescent en impasse. Il s’agirait, par et dans le corps, de « s’arracher » d’identifications aliénantes face à une problématique de perte inélaborable et de lutter contre un vécu de passivation hérité d’expériences traumatiques. Chez tous les sujets, la suspension corporelle apparait comme une solution masochiste extrême tentant d’assurer la survie psychique et de lutter contre l’effondrement en renversant une position passive en une position active et triomphante par l’emprise sur le corps. Au de-là de leur valeur de décharge et de neutralisation pulsionnelle, nous pensons ces mises en scène comme des actes « porte-parole » révélateurs de traumatismes en attente de reconnaissance et de traduction, mais dont la répétition parfois compulsive signerait l’échec de ces tentatives.