Thèse soutenue

Souffrance au travail et discours capitaliste : une lecture lacanienne subversive

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Auteur / Autrice : Françoise Denan
Direction : Clotilde Leguil
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Psychanalyse
Date : Soutenance le 11/01/2022
Etablissement(s) : Paris 8
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Pratiques et théories du sens (Saint-Denis, Seine-Saint-Denis ; 1992-....)
Partenaire(s) de recherche : Equipe de recherche : La section clinique (Saint-Denis)
Jury : Président / Présidente : Jean-Michel Vives
Examinateurs / Examinatrices : Dominique Méloni-Johnson
Rapporteurs / Rapporteuses : Olivier Rey, Emmanuelle Borgnis Desbordes

Résumé

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Le débat médiatique oppose la psychologie du travailleur et les conditions de travail. Une recension des travaux des sociologues du travail montre qu’il est possible de penser une autre articulation, à partir de diverses causalités : l’anomie, soit une dérégulation qui rend floues les limites (Durkheim) ; une langue de l’entreprise spécifique, dénuée de sens (Gaulejac) ; une répression de la pensée (Dejours).Freud et Lacan sont tous deux des lecteurs de Marx. Le premier en fait un adversaire qui méconnaît la pulsion de mort tandis que le second lui rend un hommage appuyé, revisitant sur ses traces la dialectique hégélienne du maître et de l’esclave grâce au paradigme des discours. Deux concepts majeurs s’en déduisent : le signifiant-maître, qui démontre la puissance injonctive du langage et le plus-de-jouir, contrepartie des restrictions imposées à la jouissance dont Lacan fait le principe même du capitalisme. Toutefois, la science et la financiarisation de l’économie contemporaine pulvérisent le discours, éradiquant le sujet au profit de la comptabilité, ôtant toute barrière à la jouissance, devenue un droit inaliénable. Le règne des nombres ne permet de réfléchir qu’en termes d’une continuité qui se déroule à l’infini (1+1+1+…) et non plus d’oppositions (permis/interdit) susceptibles de mettre des limites aux excès. Sortir du discours capitaliste suppose un maniement nouveau du langage. En faisant résonner la jouissance qu’il recèle, le psychanalyste donne une chance à chaque Un de se réapproprier sa propre langue et par là, de dire non au toujours-plus. Le désir qui surgit fomente un lien social nouveau et permet de penser un système politique alternatif à la gouvernance mondialisée par les nombres.