L'âge d'or du trafic de migrants à Djibouti : marge, passeurs et intégration régionale dans la Corne de l'Afrique et la péninsule Arabique.

The golden age of the migrant smuggling in Djibouti : margins, smugglers and regional integration in the Horn of Africa and the Arabian Peninsula.

• Auteur / Autrice : Alexandre Lauret
• Direction : Bezunesh Tamru, Tarik Dahou
• Type : Thèse de doctorat
• Discipline(s) : Geographie
• Date : Soutenance le 05/04/2022
• Etablissement(s) : Paris 8
• Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Sciences sociales (Saint-Denis, Seine-Saint-Denis ; 2000-....)
• Partenaire(s) de recherche : Equipe de recherche : Laboratoire Dynamiques sociales et recomposition des espaces (Nanterre ; 1997-....)
• Jury : Président / Présidente : Hugo Pilkington
• Jury : Examinateurs / Examinatrices : Julien Brachet, Amina Saïd Chiré
• Jury : Rapporteur / Rapporteuse : Deborah Puccio-Den, Karine Bennafla

Mots clés

Mots clés contrôlés

Afrique du Nord-Est

Djibouti (Djibouti)

Marges (géographie)

Passages clandestins de frontières

Trafic de migrants

Mots clés libres

DjiboutI

Corne de l’Afrique

Trafic de migrants

Passeurs

Marge

Milieu

Intégration régionale

Djibouti

Horn of Africa

Migrant smuggling

Smugglers

Margin

Environment

Regional integration

Résumé

Cette thèse présente une analyse du trafic de migrants entre la Corne de l’Afrique et la péninsule Arabique du point de vue des passeurs djiboutiens. Pour ce faire, elle s’appuie sur des données empiriques collectées auprès des passeurs et des observations du trafic et ses conséquences sur la société. L’objectif de cette recherche est de comprendre comment le développement de cette activité illicite est en lien avec les processus de marginalisation subis et réinterprétés des Afars du nord de Djibouti. D’une part, cette population se perçoit comme étant marginalisée par le gouvernement pour des raisons historico-politiques et socioéconomiques, d’autres part, ces processus de marginalisation sont utilisés par les passeurs en profitant de l’aubaine par la mise en connexion de relais entre l’Éthiopie, Djibouti, le Yémen et l’Arabie saoudite. Ainsi, narrer l’« épopée » des passeurs permet d’abord de comprendre l’essor du trafic à travers le récit de ces hommes. Cette épopée nous conduit ensuite à analyser la figure du passeur comme trajectoire socio-économique ascendante au nord de Djibouti : la promotion de l’activité entraîne sa banalité et son acceptation tacite dans la société. Enfin, en examinant les compromis et les adaptations mutuelles de la ville à l’État, cette thèse explique comment les passeurs façonnent leur environnement pour faire perdurer leur activité. A terme, le trafic de migrants devient un phénomène dynamique et relationnel conduisant à observer les marges comme des espaces d’hybridation du licite et de l’illicite et aboutissant à de nouvelles régulations du pouvoir.

This thesis presents an analysis of migrant smuggling between the Horn of Africa and the Arabian Peninsula from the viewpoint of Djiboutian smugglers. Empirical data was collected from interviews with smugglers and from smuggling observations and its consequences in Djibouti. The objective of this research is to understand how the development of this illicit activity is connected with the process of marginalization of the Afars of the North of Djibouti. On the one hand, this population see themselves as marginalized by the Government because of historical, political and socioeconomic factors, on the other hand, the process of marginalisation provides a windfall effect in the regional geography through the connexion of smugglers in four countries: Ethiopia, Djibouti, Yemen and Saudi Arabia. Recounting the smuggler’ “saga” allows for an explanation of the root causes of the ascent of this illicit activity. Moreover, the marginalisation narrative promotes smuggling as a legitimate and lucrative career opportunity in Northern Djibouti. This normalisation leads to a tacit acceptance by the local society. Looking at compromises, negotiations and mutual adaptations to scale changes, from the City to the State, performed by smugglers, this thesis sets out to understand how these stakeholders shape their environment to perpetuate their migrant smuggling activities. As a result, migrant smuggling becomes a dynamic and relational phenomenon which leads us to see margins as spaces of hybridisation of legal and illegal activities, thereby creating new power dynamics.