Thèse soutenue

La plainte dans les Fables de La Fontaine : théorie critique, rhétorique et poétique

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Auteur / Autrice : Eva-Marie Avian
Direction : Hélène Merlin-Kajman
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Littérature et civilisation françaises
Date : Soutenance le 02/12/2022
Etablissement(s) : Paris 3
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Littérature française et comparée (Paris)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Formes et idées de la Renaissance aux Lumières (2005-... ; Paris)
Jury : Président / Présidente : Delphine Denis
Examinateurs / Examinatrices : Hélène Merlin-Kajman, Delphine Denis, Florence Dumora, Alain Génetiot, Claire Badiou-Monferran, Marc Escola
Rapporteur / Rapporteuse : Florence Dumora, Alain Génetiot

Résumé

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Les plaintes abondent dans les Fables de La Fontaine : requêtes importunes de mécontents ; plaintes qui donnent lieu à des procès le plus souvent iniques ; méditations et (fausses ?) confidences mélancoliques du fabuliste. Leurs morales elles-mêmes prennent parfois la forme de plaintes : soit que le fabuliste déplore la dureté des lois qu’il énonce, soit qu’il regrette de n’être pas entendu de son lecteur. Objet protéiforme, la plainte embrasse un large spectre, allant du témoignage de douleur à la plainte judiciaire, des larmes au discours le plus réglé. À ce spectre de la plainte correspond celui des grilles de lecture qu’on peut lui appliquer : histoire du droit, des sensibilités, approches rhétorique et poétique.Le pari de cette thèse est de prendre ces plaintes au sérieux dans une œuvre réputée pour sa gaieté : en examinant, d’une part, leurs effets sur la morale et sur la poéticité des Fables ; d’autre part, leur prise en charge par les critiques littéraires. Les plaintes troublent les morales explicites des Fables en « donnant à sentir » avec le fabuliste et ses personnages. Le type de transmission qui est fait de l’œuvre de La Fontaine contribue à actualiser ces effets : à faire entendre les plaintes ou à les assourdir. Notre réflexion porte donc aussi sur la critique elle-même. La plainte réclame l’adhésion : la défiance, l’incrédulité et une certaine distance en annulent les effets. Quel type de lecture, et de lecture critique, ces exigences propres à la plainte requièrent-elles ? Dans une première partie, nous examinons l’importance de la gaieté dans la critique lafontainienne, puis celle d’un procès historique, celui de Nicolas Foucquet. Élégie et élégiaque, plainte poétique et tonalité plaintive de la poésie, font l’objet de notre deuxième partie, qui se propose de décrire les pouvoirs propres de la plainte poétique. Notre troisième partie se tourne vers les fables les plus élégiaques des Fables : leur capacité à informer une subjectivation « tendre » chez leur lecteur, et la réflexion qu’elles proposent sur la transmission d’une mémoire douloureuse. À partir des « placets » et « procès » des Fables, notre dernière partie quitte la scène judiciaire pour la scène proprement littéraire d’un conflit de langages. Au terme de cette réflexion, nous formulons une théorie possible de la « naïveté », comme condition de la réussite éthique et esthétiques des Fables et, plus largement, des plaintes littéraires.