Thèse soutenue

“It’s Slaughter Without the Blood” : l’écriture de la violence au féminin dans les romans de Toni Morrison

FR  |  
EN
Auteur / Autrice : Fanny Corbel
Direction : Isabelle Alfandary
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Études du monde anglophone
Date : Soutenance le 12/11/2022
Etablissement(s) : Paris 3
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Mondes Anglophone, Germanophone, Iranien, Indien et Etudes Européennes (Paris)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Langues, Textes, Arts et Cultures du Monde Anglophone
Jury : Président / Présidente : Michel Feith
Examinateurs / Examinatrices : Isabelle Alfandary, Michel Feith, Anne Ullmo, Marc Amfreville
Rapporteurs / Rapporteuses : Michel Feith, Anne Ullmo

Résumé

FR  |  
EN

Si la critique a souvent mis en évidence les ressorts liés à la double minoration raciale et sexuelle des protagonistes noires américaines dans l’œuvre morisonienne, cette thèse vise à renverser le paradigme et à envisager la violence telle qu’elle est exercée, provoquée, voire revendiquée par ces femmes dans l’ensemble du corpus romanesque de Toni Morrison. Écrire la violence, est-ce seulement tenter de la représenter ? Comment inscrire dans le texte les actes violents et pour certains inénarrables ? Seront étudiés les formes d’expression, les procédés stylistiques, narratologiques et symboliques qui inscrivent la violence au féminin dans le texte morrisonien. La représentation de la violence féminine irrigue les romans, qu’il s’agisse de la violence des mères, de celle exercée au prisme de la notion de genre ainsi que de celle reflet d’une violence du texte-même. Ces gestes violents répondent ensuite à un schéma d’intériorisation de la violence vécue face auquel les protagonistes noires se conforment ou résistent. C’est enfin la portée symbolique et politique de l’acte violent émancipateur que Morrison met en lumière dans la (non-) narration de cette violence. Face à la représentation de l’inénarrable, héritage du traumatisme, elle choisit l’économie des mots et l’esthétisation de l’horreur afin d’inter-dire cette violence. Animées de la volonté de défaire la violence vécue, les protagonistes afro-américaines revendiquent leur héritage. Cela passe par une remise en cause du discours traditionnel d’expression de la violence féminine à laquelle s’emploie l’auteure. Si la violence libère, son exercice se révèle toutefois insuffisant dans plusieurs œuvres chez Morrison.