Les « évangiles de lumière » d’Abel Gance (1918-1952) : des puissances du cinéma au cinéma en puissance
Auteur / Autrice : | Elodie Tamayo |
Direction : | Laurent Véray |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Études cinématographiques et audiovisuelles |
Date : | Soutenance le 05/07/2022 |
Etablissement(s) : | Paris 3 |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale Arts et médias (Paris ; 1997-....) |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : Institut de recherche sur le cinéma et l'audiovisuel (Paris) |
Jury : | Président / Présidente : Antonio Somaini |
Examinateurs / Examinatrices : Laurent Véray, Antonio Somaini, Laurent Guido, Dimitri Vezyroglou, Priska Morissey | |
Rapporteurs / Rapporteuses : Laurent Guido, Dimitri Vezyroglou |
Mots clés
Résumé
Les volumineuses archives du cinéaste français Abel Gance témoignent du fait que son œuvre réalisée, notamment ses films les plus « visibles » tels les J’accuse (1919), La Roue (1923) et Napoléon (1927), ne sont que des pièces parcellaires d’une œuvre somme – à la fois occulte et occultée – visée par le cinéaste et demeurée inaccomplie. Parmi ces projets inaboutis, un corpus singulier se détache, celui des « évangiles de lumière », qui ont pour caractéristiques d’être métapoétiques (leurs héros sont des prophètes du cinéma, ou tout du moins d’un médium de lumière s’y afférant), mystiques (leur récit et leur matrice iconique relèvent des imaginaires de l’Apocalypse et du mysticisme), et inachevés (à différents stades : du film resté de papier au film partiellement tourné ou renié au stade du montage). Pensés en regard des deux conflits mondiaux (la Grande Guerre est leur cadre matriciel, l’entre-deux-guerres prolonge leurs intuitions à l’aune des utopies des années 1920, le second conflit mondial les réactualise), ces projets postulaient le potentiel transfigurant de l’art, en une « Bonne Nouvelle » de cinéma qui toutefois ne s’accomplira pas. Cette thèse se propose d’étudier l’inachèvement de ces projets, en les replaçant dans les espoirs et les apories de leurs temps et en retraçant leurs modes singuliers d’élaboration, mêlant l’industriel au spirituel. Ce faisant, il s’agit de distinguer un inachèvement par défaut d’un inachèvement par projet. Car Gance fraye une voie du « désœuvrement » qui sacrifie l’opus pour le modus operandi. En quête des virtualités d’un médium glorieux, ce corpus appelle des œuvres en puissance, aux modes d’existence incomplets, pour ébaucher le cinéma d’après.