Le modèle tragique antique dans le théâtre de Wajdi Mouawad : un geste hypoténuse
Auteur / Autrice : | Alexandra Von Bomhard |
Direction : | Catherine Naugrette-Christophe |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Études théâtrales |
Date : | Soutenance le 26/01/2022 |
Etablissement(s) : | Paris 3 |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale Arts et médias (Paris) |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : Institut de recherches en études théâtrales (Paris) |
Jury : | Président / Présidente : Mireille Losco-Lena |
Examinateurs / Examinatrices : Catherine Naugrette-Christophe, Mireille Losco-Lena, Georges Banu, Pierre Judet de La Combe, Laurent Gaudé |
Résumé
Plongeant ses racines dans la tragédie grecque, le théâtre de Wajdi Mouawad fait résonner les violentes déchirures du monde contemporain. Il établit un lien entre l’Antiquité et aujourd’hui, les morts et les vivants, l’ici et l’ailleurs. La question du lien se trouve au cœur de cette recherche qui entend embrasser l’ensemble de l’œuvre de l’écrivain. L’investigation s’appuie sur une image qui lui est chère, celle de l’hypoténuse -cette extraordinaire ligne imaginaire qui parvient à relier deux extrêmes opposés- pour penser, dramaturgiquement et esthétiquement, la cohérence du geste créatif de l’auteur-metteur en scène. Le repérage des mythes antiques nourrissant les spectacles de l’artiste dessine une œuvre en tension, tiraillée entre trois pôles antithétiques : regard et cécité, identité et altérité, monstruosité et humanité. Afin d’exhiber la spécificité de ses créations, la démarche devient comparée. Pour cerner la dimension intime du recours au mythe, l’examen s’appuie sur deux pièces d’Eugene O’Neill (Désir sous les ormes et Le Deuil sied à Électre), tandis que le Philoctète d’Heiner Müller permet de questionner le versant collectif du mythe, en sondant son rapport à l’Histoire. Ce détour comparatif met au jour trois aspects (la transcendance, le chœur et l’émotion) qui éclairent la particularité des réécritures scéniques de l’auteur franco-libanais. L’image de l’hypoténuse, révélatrice d’un rapport au monde et à l’art, se trouve alors déclinée aux niveaux dramaturgique, poétique et esthétique, pour réfléchir une entreprise créatrice, qui, malgré les déchirures des temps actuels, reste animée par l’espoir d'une harmonie retrouvée.