Nietzsche et les Évangiles : héritage herméneutique et appropriation généalogique
Auteur / Autrice : | Yves Ghiot |
Direction : | Bertrand Binoche |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Philosophie |
Date : | Soutenance le 22/02/2022 |
Etablissement(s) : | Paris 1 |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale Philosophie (Paris ; 1998-....) |
Partenaire(s) de recherche : | Equipe de recherche : Centre d'histoire des philosophies modernes de la Sorbonne (Paris ; 1983-....) |
Jury : | Président / Présidente : Philippe Büttgen |
Examinateurs / Examinatrices : Bertrand Binoche, Christophe Bouriau, Isabelle Wienand |
Mots clés
Résumé
Voici la question : en quoi l’argumentation antichrétienne de Nietzsche se montre-t-elle tributaire du (ou des) protestantisme(s) réel(s) au croisement desquels il se trouvait ? À cette fin, nous identifierons la spécificité de son rapport aux débats théologiques en Allemagne. Quel(s) christianisme(s) critique-t-il ? et dans le creuset de quelles traditions herméneutiques ? D’un bout à l’autre, Nietzsche témoigne d’une représentation partisane du christianisme originel (plus spécifiquement de Jésus et de Paul). En ce qu’il implique une nécessaire réinterprétation de la Bonne Nouvelle, l’athéisme de L’Antéchrist semble, lui-même, porté à faire inlassablement retour aux Écritures, en vue de nouvelles appropriations. En effet, comme l’impose la dynamique même de la généalogie — et comme le fit Paul à destination des tschandalas — Nietzsche « incorpore » : non pas en homme du ressentiment toutefois, mais en héritier, et au profit du surhumain [Übermensch]. En définitive, c’est à même le corps (ou sous l’impulsion de nouveaux impératifs physiologiques) que Nietzsche contribue à l’autodépassement des topoï de l’« incarnation » et du « dire oui » de couleur évangélique [amen]. L’entreprise de renversement axiologique prend alors la forme d’une liquidation du christianisme institutionnel et culturel (le christianisme paulinien) au profit d’une transmutation philosophique de certains éléments de l’ethos piétiste et johannique. Nous procéderons à la démonstration en deux temps : I) tentative de reconstitution de la scène théologique et confessionnelle du philosophe ; II) lecture post festum de L’Antéchrist.