Thèse soutenue

Entre défense des innocents et punition des tyrans : faire la guerre pour les autres? (1539-1762)

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Auteur / Autrice : Lyess Bouderbala
Direction : Bertrand Binoche
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Philosophie
Date : Soutenance le 16/02/2022
Etablissement(s) : Paris 1
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Philosophie (Paris ; 1998-....)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Centre d'histoire des philosophies modernes de la Sorbonne (Paris ; 1983-....)
Jury : Examinateurs / Examinatrices : Bertrand Binoche, Michel Senellart, Frédéric Gros, Simone Zurbuchen, Aurélie Knufer

Résumé

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Ce travail étudie le traitement que reçoit un cas de guerre éminemment problématique entre 1539 et 1758. Alors que la doctrine de la guerre juste fonde la légitimité́ de la prise des armes dans la protection d’un droit propre, les juristes admettent toutefois que la guerre peut être faite pour protéger le droit d’un tiers, et notamment pour sauver des sujets étrangers opprimés par un tyran bien qu’aucune obligation contractuelle ne nous y oblige. Cette guerre, qui ne fait l’objet d’aucune conceptualité unifiée, reçoit des fondements et des finalités divers (devoir de charité, société humaine, compétence pénale universelle, assistance des innocents, sanction des crimes contre-nature) selon le contexte dans lequel elle est invoquée. Nous avons montré que, de Vitoria à Vattel, le modèle mis en place pour justifier cette guerre s’est inversé. Chez le premier, la délivrance des sujets opprimés peut se faire contre leur avis, alors que chez le dernier, le secours ne peut se faire que si le peuple s’est soulevé de lui-même contre son tyran. La raison de cette inversion, rendue possible par l’orientation graduellement donnée à ce problème par les Monarchomaques, Grotius, Pufendorf, Burlamaqui et d’autres, réside dans une évolution de la perception du danger causé par cette guerre. Initialement on considère que les sujets opprimés doivent rester extérieurs au secours armé qu’un libérateur étranger leur porte car la guerre civile est le pire des maux. Or au milieu du XVIIIe siècle, ce sont bien plutôt les actions intrusives que les souverains conduisent sous couvert de venir en aide aux peuples affligés qui effraient.