Thèse soutenue

Filles en conflits : les liens familiaux à l'épreuve des vocations religieuses féminines (France et Espagne années 1830 - années 1900)

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Auteur / Autrice : Inès Anrich
Direction : Jeanne MoisandRebecca Rogers
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Histoire
Date : Soutenance le 08/12/2022
Etablissement(s) : Paris 1
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale d'Histoire de l'Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne (Paris ; 1992-....)
Partenaire(s) de recherche : Equipe de recherche : Centre d'histoire du XIXe siècle (Paris ; 195.?-....)
Jury : Président / Présidente : Philippe Boutry
Examinateurs / Examinatrices : Jeanne Moisand, Rebecca Rogers, Vincent Gourdon
Rapporteurs / Rapporteuses : María Cruz Romeo Mateo, Pierre Karila-Cohen

Résumé

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Au XIXe siècle, la place du religieux dans les sociétés française et espagnole est redéfinie, non sans tensions. Ces transformations se manifestent notamment par l'essor des instituts religieux féminins et des vocations des femmes. Alors qu'à plusieurs reprises l'État espagnol interdit la vie consacrée, freinant ainsi son développement, le mythe de l'Espagne noire sous le joug d'une Église toute puissante reste une grille de lecture dominante en France. Ce paradoxe est le point de départ d'une étude comparée des conflits familiaux provoqués par l'entrée en religion des filles en France et en Espagne du début des années 1830 à la fin des années 1900. Si les vocations forcées, massives à l'époque moderne, restent un thème populaire dans la littérature, les jeunes femmes sont surtout confrontées à l'opposition de leurs parents devant leur projet de vie religieuse. Pour documenter ces cas, ce travail s'appuie sur les archives des institutions civiles ou religieuses qui les ont arbitrés. Il examine également les sources juridiques qui régissent les rapports entre la puissance paternelle et la profession religieuse des enfants, ainsi qu'un corpus journalistique et littéraire permettant d'observer que les sociétés espagnole et française du XIXe s'imaginent l'entrée en religion des femmes comme le produit d'une contrainte ou d'une manipulation. Ces conflits sont surtout une porte d'entrée dans l'intimité de familles en crise, issues de tous les milieux sociaux. Souvent motivées par l'incompatibilité entre les stratégies familiales décidées par les parents et la carrière religieuse des filles, l'opposition des parents à la vocation de ces dernières donne à voir le fonctionnement quotidien les économies domestiques, ainsi que les enjeux affectifs au cœur des liens familiaux. Malgré les rapports de pouvoir défavorables qu'elles subissent dans leur famille, certaines de ces jeunes femmes prennent l'habit religieux, ce qui met en lumière leur capacité d'action. À partir d'un observatoire religieux, cette thèse est donc une contribution à l'histoire genrée de la famille et des femmes dans l'Europe catholique du XIXe siècle.