Thèse soutenue

Le corps qui revient : photogénie et biopolitique dans des films d'archive

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Auteur / Autrice : Nicholas Andueza
Direction : Myriam TsikounasConsuelo da Luz Lins
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Histoire
Date : Soutenance le 16/11/2022
Etablissement(s) : Paris 1 en cotutelle avec Universidade federal do Rio de Janeiro
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale d'Histoire de l'Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne (Paris ; 1992-....)
Partenaire(s) de recherche : Etablissement d'accueil : Universidade federal do Rio de Janeiro
Laboratoire : Centre d'histoire du XIXe siècle (Paris ; 195.?-....)
Equipe de recherche : Équipe Images, sociétés, représentations (Paris ; 2006-....)
Jury : Président / Présidente : Sébastien Denis
Examinateurs / Examinatrices : Myriam Tsikounas, Consuelo da Luz Lins, Anita Léandro
Rapporteurs / Rapporteuses : Andréa França, Dork Zabunyan

Résumé

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Cette thèse se propose d’analyser des films d'archive qui réutilisent des images produites à l'origine par des systèmes dictatoriaux, à savoir, par la dictature militaire brésilienne de 1964, la dictature portugaise de Salazar et la dictature cambodgienne des Khmers Rouges. En contextualisant cinématographiquement ces archives, les films analysés ici transforment le statut des images. Elles cessent d’obéir à la logique du contrôle fermé et autoritaire et passent à un environnement d'ouvertures et de possibilités esthétiques, éthiques et historiques. Pour décrire ce changement de régime d'images, on propose la notion de photogénie, développée par Jean Epstein au début du XXe siècle. Si, d'un côté, existe un régime biopolitique qui fonde les archives produites au sein de systèmes autoritaires, de l'autre, existe l'élément photogénique, qui habite silencieusement ces archives. Ce dernier peut être libéré par de multiples procédés cinématographiques de reprise qui désarticulent le catalogue policier, formulant une sorte d'anti- catalogue, comme la narration, le ralentissement, le recadrage, la mise-en-scène, le montage, etc. En mobilisant les images et en découvrant une possibilité animiste dans le mouvement, l'approche photogénique (ré)active les corps dans leurs pouvoirs et leurs gestes indéchiffrables, dans leurs témoignages vivants, les élargissant au-delà de leur captivité dans l'image biopolitique. Revisitées et retravaillées, ces images d'archive deviennent capables de répondre au regard du spectateur par leur propre regard, de traverser le temps et de se rendre présentes dans l'ici et maintenant de l'expérience filmique, comme « l'éclair » des thèses sur l'histoire de Walter Benjamin. C'est ainsi que le corps revient : quand mon propre corps est entièrement affecté par celui de l'autre, quand le corps de l'autre danse en moi, se matérialisant dans le plus-qu'ici et plus-que-maintenant de ma chair cinéphilique, qui n'est plus seulement la mienne.