La formation hybride : entre conception et usage
Auteur / Autrice : | Floriane Owczarek-Jedrkiewicz |
Direction : | Bénédicte Le Grand, Yannick Lémonie |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Informatique |
Date : | Soutenance le 28/01/2022 |
Etablissement(s) : | Paris 1 |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale de Management Panthéon-Sorbonne (Paris ; 2012-....) |
Partenaire(s) de recherche : | Equipe de recherche : Centre de recherche en informatique (Paris ; 1986-....) |
Jury : | Président / Présidente : Anne Bationo Tillon |
Examinateurs / Examinatrices : Bénédicte Le Grand, Yannick Lémonie, Manuele Kirsch Pinheiro, Vincent Grosstephan | |
Rapporteurs / Rapporteuses : Anne Bationo Tillon, Cecília Borges |
Mots clés
Mots clés contrôlés
Résumé
Le concept de formation hybride, combinant activités en présence et en distance, appuyé le plus souvent par une plateforme numérique, constituait avant 2020 une solution de niche, peu reconnue. Elle s’est démocratisée de force avec la pandémie de covid-19, forçant même l’apparition d’une nouvelle forme d’hybridation où les deux modalités fusionnent. La première définition de la formation hybride apparaît en 1995, sous la plume de Didier Valdès dans son mémoire de Paris 2 Panthéon Assas. Il pointait un certain nombre de critères essentiels à la conception de telles formations. Toutefois, l’historiographie concernant l’étude de celles-ci, dans une perspective de définition, évaluation et conception, s’est trouvée rapidement bouleversée par l’apparition du web 2.0. Les critères de conception retenus se sont faits de plus en plus nombreux et techniques, les auteurs interrogeant une partie seulement des acteurs (enseignants ou étudiants), sans vision globale et sans prendre en compte leur activité réelle. Cette approche, n’intégrant pas l’activité de leurs opérateurs, amène à des formations hybrides complexes à suivre à la fois pour les étudiants et les enseignants, lesquels peuvent même se montrer réfractaires aux Technologies de l’Information et de la Communication (TICs) employées, voire à la formation en général. Nous cherchons en conséquence à observer une formation hybride en prenant en compte l’activité des opérateurs, afin d’en déduire des pistes de conception plus en accord avec celle-ci. Nous employons une méthodologie ethnocentrée, fondée sur le cadre théorique de l’activité, avec une méthode associée – en particulier les notions de prescrit et réel. Nous cherchons ainsi à dépasser les habituelles dichotomies avec machine / sans machine, et présence / distance. Nous nous référons particulièrement à la théorie de l’activité développée par Yrjö Engeström, et à la théorie instrumentale de Pierre Rabardel. Nous observons un module hybride d’initiation à l’information et de certification Pix au sein d’une formation universitaire. Plus spécifiquement, nous retenons pour l’analyse un chapitre de cours comprenant une séance d’1h30 en présentiel et un travail à faire à distance. Toutes les données disponibles sur cette période d’observation sont mises à contribution, soit un ensemble hétérogène incluant observations ouvertes en classe, enregistrements vidéos, entretiens réalisés avec utilisateurs et concepteurs, questionnaire pour les étudiants, recueil des mails de l’enseignant, données générées par la plateforme informatique, et présence sur les espaces de travail et d’échange des étudiants tels que Facebook et Google Drive. Ces données sont croisées de façons quantitatives et qualitatives, et analysées via la réalisation de chronologies fines, de tableaux de contradiction d’Engeström, et d’une version revue de la Méthode des Défaillances et Substitutions de Ressources (MDSR) de Gaëtan Bourmaud. Nous mettons en évidence un écart net entre formation prescrite et réelle (c’est-à-dire entre formation conçue et en situation), résultant d’une conception dans l’usage réalisée par les acteurs – enseignants et étudiants. Ceci implique des changements de paradigme, particulièrement concernant l’autonomie des étudiants, objectif de la formation bouleversant le positionnement de l’enseignant. Cette conception dans l’usage est le résultat d’un travail collectif des opérateurs (enseignant et étudiants), amenant pratiquement à une reconception de la formation en fonction des besoins réellement ressentis. La conception d’une formation hybride en accord avec cette activité supposerait ainsi d’utiliser la distance pour ce qu’elle est, afin de faciliter la création d’une communauté d’apprentissage universitaire.