Gouverner la famille en Colombie : institutionnalisation et usages de l’adoption dans un État "d’origine"
Auteur / Autrice : | Lisbeth Gasca Agudelo |
Direction : | Jean-Louis Briquet |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Science politique |
Date : | Soutenance le 11/02/2022 |
Etablissement(s) : | Paris 1 |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale de science politique (Paris ; 1992-....) |
Partenaire(s) de recherche : | Equipe de recherche : Centre européen de sociologie et de science politique (Paris ; 2010-....) |
Jury : | Président / Présidente : Delphine Dulong |
Examinateurs / Examinatrices : Jean-Louis Briquet, Laura Victoria García Matamoros | |
Rapporteurs / Rapporteuses : Sébastien Roux, David Garibay |
Mots clés
Résumé
L’objectif de celte thèse est de comprendre comment un État, en l’occurrence la Colombie, est devenu un « État d’origine » dans l’espace social de l’adoption internationale. Si l’on considère l’administration de la filiation en tant que « dispositif de protection de l’enfance visant à donner une famille à un enfant qui n’en a pas », il s’agit d’interroger ce qui a rendu l’adoption pensable, puis souhaitable comme dispositif public malgré les contestations dont elle a pu faire l’objet. L’adoption est ici définie comme un instrument d’action publique, traversé par des représentations et des significations qui organisent les rapports entre gouvernants et gouvernés. Une des hypothèses consiste à envisager l’émergence de l’adoption comme une solution à des problèmes publics tels que la responsabilisation des géniteurs envers leurs descendants, ou encore la maltraitance. Cela s’est accompagné en Colombie d’un travail de cadrage de renversement de stigmates qui a rendu souhaitable publiquement la possibilité de créer juridiquement une filiation aussi valable socialement que celle issue du biologique. De telles évolutions ont été rendues possibles car l’adoption s’est construite comme une institution en Colombie. En ce sens, elle apparaît comme un dispositif de savoir et de pouvoir qui révèle le rapport de l’État colombien à la parenté qu’il fonde sur une dimension fonctionnelle. Dès lors, la capacité démontrable à être parent devient un impératif dans un cadre cognitif et pratique marqué par l’internationalisation des droits de l’enfant. La famille constitue ainsi une construction déconstructible par le biais de l’appréciation publique de sa fonctionnalité.