Thèse soutenue

Dynamiques de l'agrobiodiversité dans les paysages agroforestiers de Vavatenina à Madagascar : Études des pratiques, des connaissances paysannes et des réseaux d'échange dans un contexte de changements

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Auteur / Autrice : Juliette Mariel
Direction : Stéphanie CarrièreVanesse Labeyrie
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Sciences agronomiques
Date : Soutenance le 20/05/2022
Etablissement(s) : Montpellier, SupAgro
Ecole(s) doctorale(s) : École Doctorale GAIA Biodiversité, agriculture, alimentation, environnement, terre, eau (Montpellier ; 2015-...)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Savoirs, environnement et sociétés (Montpellier)
Jury : Président / Présidente : Christine Raimond
Examinateurs / Examinatrices : Stéphanie Carrière, Vanesse Labeyrie, Christine Raimond, Julie Zahringer, Victoria Reyes-García, Sylvie Guillerme, Bruno Rapidel
Rapporteur / Rapporteuse : Julie Zahringer, Victoria Reyes-García

Résumé

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Les mosaïques paysagères des régions tropicales humides subissent depuis le milieu du 20ème siècle d'importants changements socio-écologiques qui menacent la résilience des agricultures familiales. Face à ces changements, les paysan.ne.s de certaines régions ont diversifié leurs systèmes agricoles en développant notamment des agroforêts (associations d'arbres avec d'autres espèces non pérennes et/ou des animaux, dans l'espace et dans le temps). Iels mobilisent pour cela la diversité végétale, cultivée ou non, et développent différents modes de gestion de cette agrobiodiversité. Ce travail de recherche vise à analyser ces dynamiques agroforestières au travers d'un cas d'étude situé au sein des paysages de la côte nord-est de Madagascar, qui témoignent d'une évolution récente depuis une agriculture de subsistance associée à la culture sur abattis-brûlis vers une agroforesterie complexe et multi-étagée. Articulée autour de trois parties, ma thèse discute des enjeux de résilience des agricultures familiales en analysant les modes locaux de gestion de l'agrobiodiversité et leurs évolutions en réponse aux changements.La première partie repose sur des travaux de cartographie des modes d'usage des terres qui ont permis de caractériser dans l'espace et dans le temps les dynamiques agroforestières, et d'en analyser les facteurs socio-économiques et physiques. Ces travaux montrent notamment que l'émergence de cette pratique est liée aux évolutions des stratégies paysannes en réponse à divers changements (baisse de la fertilité, variation des prix, croissance démographique entre autres). L'agroforesterie occupe aujourd'hui une surface importante dans les paysages, sa répartition spatiale est notamment liée à la topographie et elle contribue, avec la diversité des autres usages des terres, à l'hétérogénéité paysagère.En prenant l'exemple d'un village, la seconde partie étudie la gestion locale de l'agrobiodiversité en analysant la composition en espèces des agroforêts à girofliers et leur organisation spatiale, ainsi que les connaissances paysannes sur les interactions agrobiodiversité-milieu qui sous-tendent ces pratiques. Les paysan.ne.s gèrent une riche agrobiodiversité qui est associée à de multiples fonctions, et qui est organisée spatialement selon la topographie, le sol et les interactions espèces-milieu. Les connaissances paysannes permettent de valoriser les conditions hétérogènes du milieu, de favoriser les synergies entre espèces, et de réaliser des compromis entre les différentes contributions que leur apporte l'agrobiodiversité.Enfin, la troisième partie analyse les modes d'accès des paysan.ne.s aux propagules de plantes cultivées et aux connaissances qui s'y rattachent. Cette partie discute notamment du rôle des plantes et des connaissances exogènes (extérieures au village d'étude) dans les dynamiques agroforestières, et leurs implications pour la résilience des agricultures familiales. Je mets en évidence que pour maintenir et faire évoluer l'agrobiodiversité, les paysan.ne.s utilisent notamment leurs réseaux relationnels au sein du village et au-delà. Ces derniers leur permettent par exemple d'observer les pratiques d'autres paysans et de faire évoluer leurs pratiques par mimétisme.Les dynamiques agroforestières décrites dans cette thèse soulignent les capacités d'adaptation des agricultures familiales, condition sine qua non de leur résilience. Les modes de gestion locaux de l'agrobiodiversité spécifiques aux différentes échelles présentent un grand potentiel pour la gestion durable des agroforêts et pour la restauration des paysages dégradés de ces régions tropicales. Construite autour d'un dialogue permanent entre les disciplines et entre les connaissances scientifiques et paysannes, cette thèse s'inscrit dans une perspective de co-construction de paysages agroforestiers souhaitables et résilients, et appelle à la reconnaissance des pratiques et des connaissances locales.