Apport de l’analyse protéomique pour comprendre la physiologie de Pseudomonas aeruginosa PA14 : impact de la supplémentation en source de carbone et caractérisation des facteurs de virulence
Auteur / Autrice : | Salomé Sauvage |
Direction : | Julie Hardouin |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Chimie |
Date : | Soutenance le 14/12/2022 |
Etablissement(s) : | Normandie |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale normande de chimie (Caen) |
Partenaire(s) de recherche : | établissement co-accrédité : Université de Rouen Normandie (1966-....) |
Laboratoire : Polymères, biopolymères, surfaces (Saint-Etienne-du-Rouvray, Seine-Maritime ; 1974-...) | |
Jury : | Président / Présidente : Thierry Jouenne |
Examinateurs / Examinatrices : Thierry Clavel, Charlotte Cabanne | |
Rapporteurs / Rapporteuses : Christine Carapito, Romé Voulhoux |
Résumé
P. aeruginosa est une bactérie pathogène opportuniste responsable de nombreuses infections nosocomiales. Sa résistance a une large gamme d’agents antimicrobiens rend ses infections très difficiles à traiter cliniquement. Par conséquent, il est urgent de développer rapidement de nouveaux traitements thérapeutiques plus efficaces. Pour cela, il faut avant tout comprendre les mécanismes mis en jeu par cette bactérie pour répondre à son environnement. Parmi ceux-ci, on retrouve les modifications post-traductionnelles (PTMs) et leurs enzymes associées, ainsi que les éléments impliqués dans le métabolisme adaptatif de P. aeruginosa à sa niche écologique. Dans ce contexte, les études protéomiques associées aux études phénotypiques sont des stratégies complémentaires pour caractériser les différents facteurs impliqués dans le métabolisme adaptatif de P. aeruginosa, et découvrir de nouvelles pistes de recherche pour lutter contre cette bactérie.Dans une première partie, nous avons cherché à caractériser les protéoformes du facteur de virulence majeur LasB de P. aeruginosa. Pour cela, nous avons construit un mutant exprimant la protéine LasB avec une étiquette 6 histidines (6His). La purification par chromatographie liquide d’affinité de cette protéine a été entreprise. Malheureusement, nous n’avons pas été en mesure d’isoler LasB6His quel que soit le compartiment cellulaire. Nous supposons qu’il y ait une dégradation potentielle de l’étiquette 6His lors du transfert de la protéine du milieu intra- au milieu-extracellulaire. Nous avons alors étudié le milieu périplasmique et obtenu des résultats préliminaires pour identifier des PTMs (phosphorylation des sérines, thréonines et tyrosines, et acétylation et succinylation des lysines) sur les protéines périplasmiques de P. aeruginosa à 6 et 24 heures de culture. Plusieurs peptides ont été retrouvés modifiés en fonction des conditions de culture. Plus précisément, nous avons observé certains acides aminés de LasB et CbpD dont les modifications sont conservées entre les différents compartiments (cytoplasme, périplasme, milieu extracellulaire).Dans une deuxième partie, nous avons réalisé une étude protéomique quantitative relative des compartiments intra- et extra-cellulaires de P. aeruginosa en fonction de différentes supplémentations en source de carbone (glucose, glutamate, succinate et citrate) afin d’étudier leur impact sur la physiologie de cette bactérie. Nous avons mis en évidence la prévalence de certaines voies métaboliques par rapport à d’autres en fonction des sources de carbone. Nous avons alors étudié plusieurs phénotypes (suivi de croissance, concentration minimale inhibitrice des antibiotiques, formation de biofilm, dosage de la pyocyanine…) pour confirmer ou non les hypothèses protéomiques. Ainsi, les sources de carbone modifient l'activation ou la répression de voies métaboliques spécifiques chez P. aeruginosa, soulignant l'importance de l'environnement dans lequel évolue la bactérie sur son comportement. En parallèle, nous avons observé des différences de comportement de nos milieux gélosés (MCG) supplémentés avec une source de carbone (glucose, glutamate, succinate et citrate) après gélification (détachement de la gélose plus ou moins aisée en fonction des milieux, de l’agar et de son pourcentage) comparé au milieu de référence utilisé en routine pour cet essai. Nous avons alors étudié la structure de ces MCG par rhéologie et microDSC.L’ensemble de ces travaux démontre que, grâce à la protéomique, la recherche fondamentale peut proposer de nouvelles hypothèses menant à l’exploration de nouvelles pistes potentiellement prometteuses. Ces données complétées par des études issues d’autres domaines (essais phénotypiques, étude métabolomique, étude génomique…) pourront aboutir à plus long terme à l’élaboration de thérapies efficaces contre P. aeruginosa.