Thèse soutenue

Chimioattraction de cellules de gliomes dans une matrice polymère in situ : piège tumoral et refonctionnalisation cérébrale

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Auteur / Autrice : Emmanuel Laillet de Montullé
Direction : Hélène Castel
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Aspects moleculaires et cellulaires de la biologie
Date : Soutenance le 28/11/2022
Etablissement(s) : Normandie
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Normande de biologie intégrative, santé, environnement (Mont-Saint-Aignan, Seine-Maritime)
Partenaire(s) de recherche : Etablissement de préparation de la thèse : Université de Rouen Normandie (1966-....)
Laboratoire : Cancer and Brain Genomics (Rouen ; 2022-....)
Jury : Président / Présidente : Géraldine Gouhier
Examinateurs / Examinatrices : Géraldine Gouhier, Samuel Meignan, Laurent Prézeau, Pierrick Gandolfo, Michel Salzet
Rapporteurs / Rapporteuses : Samuel Meignan, Laurent Prézeau

Résumé

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Le glioblastome (GB) est la tumeur du système nerveux central la plus agressive. Les patients atteints de GB souvent diagnostiqués tardivement, ont un pronostic sombre, mais peuvent présenter des troubles anxiodépressifs et des déficits cognitifs, avant la prise en charge thérapeutique. Ce pronostic sombre s’explique par des processus de forte prolifération des cellules de gliome au cœur de la tumeur, une nécrose et hypoxie intra-tumorales responsables de sécrétion de facteurs angiogéniques et de transformation mésenchymateuse, avec stimulation d’une angiogenèse tumorale. Ce microenvironnement contient des facteurs immunosuppresseurs secrétés par les cellules de GB mais aussi les cellules microgliales et les macrophages intratumoraux (GAM), responsables d’un échappement immunitaire. Le traitement standard actuel des GB, appelé protocole de Stupp, consiste en une résection tumorale la plus complète possible associée à de la chimio et radiothérapie. Malgré ce traitement lourd, la survie médiane des patients se situe actuellement entre 16 et 18 mois. Cette résistance aux thérapies s’explique par la présence d’une barrière hématoencéphalique qui rend difficile l’acheminement des agents anti-néoplasiques, le contexte immunosuppresseur de la tumeur, et le caractère très invasif des cellules de GB, qui explique la récidive fréquente en bordure ou à distance de la cavité de résection. Il existe donc un besoin urgent de développer de nouvelles stratégies thérapeutiques, plus efficaces, qui contournent les critères de résistances de ces gliomes de haut grade, pour améliorer significativement la survie mais aussi la qualité de vie des patients atteints de GB.Parmi les thérapies innovantes développées ces dernières années, les thérapies locales, associées au traitement standard, sont probablement parmi les plus prometteuses. Le seul système d'administration locale approuvé est l'implantation dans la cavité de résection de plaquettes polymériques chargées de casmustine, c’est le Gliadel®, mais son efficacité reste modeste. Sur la base des travaux de l’équipe visant à élucider les mécanismes moléculaires et cellulaires de la migration et l’invasion des cellules de GB en réponse aux chimiokines du SNC, l’idée d’utiliser la cavité de résection pour y permettre la délivrance locale d’une ou de plusieurs chimiokines, capable d’inverser le sens du gradient chimiotactiques, et créer un « piège écologique » a émergée. Mon projet de thèse visait donc à utiliser différents types de matrices biocompatibles contenant une chimiokine peptidique, l’urotensine II (UII) capable de stimuler un récepteur couplé aux protéines G, le récepteur UT exprimé par les cellules de GB, à vérifier in vitro les capacités de chimioattraction de cellules de GB dans et à travers ces matrices 3D et à confirmer la délivrance de cette chimiokine. In vivo, nous avons optimisé un modèle de résection de GB chez la souris, afin d’évaluer l’efficacité anti-tumorale de ces pièges matriciels et l’impact sur la survie des souris, les effets sur le remodelage du tissu cérébral péri-tumoral et sur l’amélioration de l’activité, des fonctions émotionnelles et cognitives des souris. L’intérêt de ce traitement local a aussi été expérimenté en combinaison avec deux types chimiothérapies administrées par voie systémique ou au niveau local dans la matrice injectée dans la cavité de résection.Les résultats obtenues montrent qu’un système de délivrance local à base d’un hydrogel ou d’une colle contenant une chimiokine et injecté dans la cavité de résection après chirurgie peut piéger les cellules de GB et favoriser le remodelage péritumoral notamment au niveau des infiltrats macrophagiques. Cette plasticité peut être associée à la survie et l'amélioration du déficit cognitif induits par la tumeur et/ou la résection. Combiné à des chimiothérapies locales et systémiques, ce piège tumoral, nouvelle stratégie innovante, offre un nouvel espoir thérapeutique dans le traitement du GB.