Education plurilingue et élèves nouvellement arrivés : pratiques enseignantes contextualisées en Europe
Auteur / Autrice : | Malgorzata Jaskula |
Direction : | Mehmet-Ali Akıncı, Véronique Miguel Addisu |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Sciences du langage - linguistique |
Date : | Soutenance le 22/11/2022 |
Etablissement(s) : | Normandie |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale Normandie Humanités (Mont-Saint-Aignan, Seine-Maritime) |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : Laboratoire dynamique du langage in situ (Mont Saint Aignan, Seine-Maritime ; 2017-.....) |
Etablissement de préparation de la thèse : Université de Rouen Normandie (1966-....) | |
Jury : | Président / Présidente : Andrea Young |
Examinateurs / Examinatrices : Mehmet-Ali Akıncı, Véronique Miguel Addisu, Greta Komur-Thilloy, Pierre Escudé, Dominique Groux, Marisa Cavalli | |
Rapporteurs / Rapporteuses : Greta Komur-Thilloy, Pierre Escudé |
Mots clés
Mots clés contrôlés
Résumé
L’objectif de cette recherche est de réfléchir aux facteurs de mise en œuvre d’une éducation plurilingue et interculturelle auprès des élèves nouvellement arrivés (ENA) âgés de 11 à 15 ans en France, en Italie et en Pologne. La problématique de cette étude porte sur la valorisation du plurilinguisme de ces élèves comme appui pour l’apprentissage de la langue seconde et levier de l’inclusion socio-éducative (Goï, 2015 ; Mendonça Dias et al., 2020). L’accueil et l’inclusion des ENA plurilingues et pluriculturels dans les classes constituent un nouveau défi pour les acteurs et les systèmes éducatifs (OCDE, 2016). Si les préconisations européennes soulignent l’importance de la prise en compte des connaissances en langues-cultures premières des élèves dans le processus d’enseignement-apprentissage (Cummins, 2011 ; Beacco et al., 2016), les recommandations officielles des pays ne les mentionnent pas systématiquement.Inscrite dans le champ de la didactique des langues-cultures (DDLC) et la perspective sociodidactique (Dabène & Rispail, 2008 ; Cortier, 2009 ; Miguel Addisu, 2012), cette recherche s’appuie sur une démarche ethnographique à partir de données qualitatives et quantitatives (Blanchet & Chardenet, 2011). La complexité du sujet est abordée sur trois niveaux (Bronfenbrenner, 1979 ; Desjeux, 2004 ; Eurydice, 2019) : macro – les enjeux des politiques linguistiques et éducatives des pays, méso – l’impact de l’environnement propre à l’établissement et micro – les poids des pratiques enseignantes en classe. L’approche comparative permet de relever les convergences et les divergences (Groux et al., 2002 ; Meuris, 2008) quant à l’enseignement de la langue de scolarisation en lien avec les approches plurilingues et interculturelles (Candelier et al., 2012).Pour ce faire, notre corpus est constitué d’enquêtes (53 questionnaires et 18 entretiens) menées auprès des enseignants de trois établissements du second degré quant à leurs pratiques en classe, leurs biographies langagières (Huver & Molinié, 2009) et leurs formations. Les analyses des enquêtes montrent que les pratiques des enseignants n’ont pas de lien explicite avec les méthodes et approches plurilingues et interculturelles développées en DDLC (cf. Auger, 2005 ; Favaro, 2005 ; Hélot & Young, 2006 ; Kotarba-Kańczugowska, 2015 ; Pugliese, 2005 ; entre autres). Quel que soit le pays, tous les enseignants se réfèrent davantage aux cultures des élèves qu’à leurs langues, ce qui fait émerger le besoin de développer la conscience linguistique (Hawkins, 1984) chez eux. Néanmoins, les gestes professionnels (Bucheton & Soulé, 2009) qui s’appuient sur le tissage avec les connaissances plurilingues et pluriculturelles des ENA vont dans le sens de la mise en œuvre de l’éducation interculturelle, tout comme des projets transdisciplinaires présents dans l’établissement français. En outre, cette recherche met en évidence des pratiques enseignantes contextualisées, impactées par les histoires des pays, leurs didactiques des langues et les politiques linguistiques et éducatives, pratiques qui reflètent l’impact des formations et des orientations didactiques autour de l’enseignement de la langue du pays d’accueil. Elles sont également influencées par les doxas didactiques soit transmissives soit co-constructives des enseignants (cf. Vygotski, 1934).La démarche comparative choisie souligne la complexité du sujet étudié. Elle permet de réfléchir aux besoins contextualisés des enseignants et proposer des pistes pour la formation professionnelle sur le développement de la langue de scolarisation, les représentations sur le plurilinguisme, les pratiques et les gestes en faveur de la construction d’une compétence plurilingue et interculturelle des élèves, ce qui n’est pas le cas dans la plupart des formations mentionnés par les enseignants de notre recherche.