L'expertise sécuritaire : Vers une sociologie politique internationale de l'enchevêtrement entre les Think Tanks, l'OTAN et la construction de l'image de la Russie

Crafting Security Expertise : Toward an International Political Sociology of the Entanglement between Think Tanks, NATO, and the Image-building of Russia

• Auteur / Autrice : Cindy Regnier
• Direction : Pierre Chabal, Sebastian Santander
• Type : Thèse de doctorat
• Discipline(s) : Sciences politiques
• Date : Soutenance le 18/11/2022
• Etablissement(s) : Normandie en cotutelle avec Université de Liège. Faculté des Sciences
• Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Droit-Normandie (Caen)
• Partenaire(s) de recherche : Université de préparation : Université du Havre (1984-....)
• Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Laboratoire de recherche en droits fondamentaux, des échanges internationaux et de la mer (Le Havre, Seine-Maritime)
• Jury : Président / Présidente : Eric Florence
• Jury : Examinateurs / Examinatrices : Magali Gravier, Christophe Wasinski, Nina Bachkatov, Merje Kuus
• Jury : Rapporteurs / Rapporteuses : Magali Gravier, Christophe Wasinski

Mots clés

Mots clés contrôlés

Organisation du traité de l'Atlantique nord

Clubs de réflexion

Sécurité internationale

Mots clés libres

Expertise

Sécurité

OTAN

Think tank

Russie

Sociologie Politique Internationale

Géographie humaine

Géopolitique critique

International Political Sociology

Expertise

Security

Résumé

Les organisations de sécurité telles que l'Organisation du traité de l'Atlantique Nord (OTAN) semblent être le dernier type d'organisation encline à laisser la société civile entrer dans ses murs. L'Alliance qui s'occupe de la ''haute politique'' en Europe devrait plus probablement garder ses sources d'information privées. Pourtant, comme le dévoile cette thèse, l'Alliance n'est pas totalement exempte de contributions extérieures et notamment de celles des think tanks. Alors que peu d'auteurs ont entrepris une analyse approfondie de cette relation, cette thèse se penche sur l'engagement de l'OTAN avec les think tanks.S'appuyant sur la littérature de la sociologie de l'expertise, la sociologie des professions, et la théorie de la sécurisation, et empiriquement, en se basant sur deux douzaines d'entretiens avec des employés de l'OTAN et des think tanks, une ethnographie dans un think tank basé à Bruxelles, ainsi que l'analyse des rapports de think tanks, cette dissertation identifie les pratiques épistémiques qui sous-tendent les grandes décisions internationales en matière de sécurité.Pour délimiter la recherche, l'analyse de l'expertise des think tanks et des praticiens de l'OTAN a été centrée sur la décision prise par l'OTAN, en 2016, d'envoyer quatre groupements tactiques dans les pays baltes et en Pologne pour ''dissuader une Russie nouvellement affirmée''. Ce déploiement de troupes est l'une des décisions majeures de l'OTAN dans l'ère de l'après-guerre froide car celle-ci implique de mettre en équilibre différents aspects clés tels que la protection du flanc oriental de l'OTAN et de ses nouveaux alliés, la dissuasion d'une Russie résurgente et l'évitement d'une escalade involontaire avec Moscou.En dernière analyse, cette thèse montre comment les différents habitus au sein des organisations internationales, et de l'OTAN en particulier, peuvent favoriser la mobilisation d'expertises divergentes. Plus précisément, je montre comment ces habitus se rapportent de manière concomitante à une problématisation différente de la Russie. Je propose ainsi quatre images archétypiques de l'OTAN et de sa relation avec la Russie. Sur cette base, je démontre comment différents acteurs structurent leurs relations autour de ces images. En outre et comme sous-produit de cette recherche, je montre l'imbrication structurelle des praticiens de l'OTAN avec les think tanks ainsi que l'implication des premiers aux différentes étapes de la production d'expertise des seconds.En pratique, cette recherche fournit un aperçu complet et structurel de l'engrenage qui sous-tend la production de l'expertise sécuritaire.

Security organization such as NATO appears to be the last type of organization prone to let civil society inside its walls. Indeed, the Alliance, which deals with “high politics” in Europe, is more likely to keep its information sources secret. Yet, as this dissertation explores, NATO is not completely shut off from external inputs, and in particular, the influence of think tank(er)s. While few authors have undertaken an in-depth analysis of this relationship, this dissertation demonstrates the ways in which NATO engages with think tank(er)s.Specifically, this dissertation identifies the epistemic practices behind major international security decisions. It does this by drawing on securitization theory and the sociology of expertise and professions, as well as, empirically, by building upon two-dozen interviews with NATO employees and think-tankers, an ethnography in a Brussels-based think tank, and an analysis of think tank reports.To delineate this research, the analysis of the expertise of think tank(er)s and NATO practitioners is centered on NATO’s 2016 decision to send—as part of its enhance forward presence (EFP)—four battle groups in the Baltics and Poland to “deter a newly assertive Russia”. This deployment of troops represented one of NATO’s major decisions in the post-Cold War era, as it attempted to strike a difficult balance between protecting NATO’s eastern border and its new allies, deterring a resurgent Russia, and avoiding unintentional escalation with Moscow.This dissertation thus shows how different habitus within international organizations, and NATO specifically, can lead to the mobilization of various forms of expertise. Specifically, I explore how these habitus simultaneously relate to different problematizations of Russia. For this reason, I propose four archetypical images of NATO’s relations with Russia. I then demonstrate how different actors structure their interactions around these models. In addition, and as a by-product of this research, I show the structural intertwining of NATO practitioners with think tank(er)s and the involvement of the former in the latter’s development of expertise.In summary, this research provides a comprehensive and structural overview of the gearing behind the crafting of security expertise.