Trajectoires de l'émancipation : enquête sur la lutte contre l'aéroport et la ZAD de Notre-Dame-des-Landes

Trajectories of empowerment : sociological investigation into the struggle against the planned airport and the ZAD at Notre-Dame-des-Landes

• Auteur / Autrice : Thibaud Radin
• Direction : Patrick Vassort
• Type : Thèse de doctorat
• Discipline(s) : Sociologie, démographie
• Date : Soutenance le 25/02/2022
• Etablissement(s) : Normandie
• Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Homme, sociétés, risques, territoire (Rouen)
• Partenaire(s) de recherche : établissement de préparation : Université de Caen Normandie (1971-....)
• Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Centre d'étude et de recherche sur les risques et les vulnérabilités (Caen ; 2004-....)
• Jury : Président / Présidente : Jan Spurk
• Jury : Examinateurs / Examinatrices : Patrick Vassort, Geneviève Pruvost, Florence Rudolf, Frédérick Lemarchand, Estelle Deléage
• Jury : Rapporteurs / Rapporteuses : Geneviève Pruvost, Florence Rudolf

Mots clés

Mots clés contrôlés

Biens collectifs

Capitalisme

Paysannerie

Enquêtes de terrain (ethnologie)

Mouvements alternatifs

Autonomisation

Émancipation

Sociologie

Notre-Dame-des-Landes (Loire-Atlantique)

Zones à défendre

Mots clés libres

ZAD

Autonomie

Productivisme

Critique du savoir

Empowerment

Autonomy

Protest movement

Industrial capitalism

Productivism

Peasantry

Popular education

Critique of knowledge

Résumé

Dans les années 1970, le projet de construction d’un nouvel aéroport près de Nantes, sur le bocage de Notre-Dame-des-Landes, suscite des réactions d’indignation des éleveurs du territoire. Trente ans plus tard, en 2000, la réactivation du projet provoque la constitution d’une vaste opposition réunissant différents pans de la population française. La dynamique de lutte contre l’aéroport donne naissance, à la fin des années 2000, à la « zone à défendre ». La ZAD devient alors une des plus grandes expériences collectives contemporaines d’autogestion et de vie en dehors de l’État et du marché.Le monde moderne est bâti sur la mise à distance et le contrôle de la nature grâce à des procédés techniques industriels, une économie capitaliste et une idéologie de la compétition. La lutte contre l’aéroport et la ZAD marquent un tournant dans les trajectoires de l’émancipation propres à nos sociétés. Elles tentent de s’extraire de la logique capitaliste par un (ré)enracinement humain dans le milieu naturel et culturel, l’acceptation de contraintes dont les sociétés modernes ont cherché à s’émanciper et le rejet des contraintes qu’elles ont créées. Les manières de vivre ensemble, vécues et expérimentées au sein de la lutte contre l’aéroport et la ZAD, sont ici étudiées avec un regard de chercheur engagé, croisant la Théorie critique et l’ethnologie. À partir de ma propre expérience et d’entretiens avec des acteurs de la lutte, je tente de saisir les mécanismes psychosociaux qui ont favorisé ou entravé la concrétisation des aspirations émancipatrices contenues dans l’expérience de l’occupation de la Zone à défendre.

In the 1970s, the idea for a new airport is put forward near Nantes, on the bocage surrounding Notre-Dame-des-Landes, which is opposed by many of the local farmers. Thirty years later, renewed political interest in the project gives birth to a large protest movement, which comprises elements from across the French social spectrum. By the end of the 2000s, from this protest emerged the « Zone à Défendre » (litt. « area to be defended »). This ZAD thus becomes one of the largest experiments in recent times of collective self-management and living outside the state and the common market.The modern world was built upon the distancing and control of nature by industrial and technical means, a capitalist economy and an ideology of competitivity. The struggle against the airport and the ZAD are a turning point in the trajectories of empowerment particular to our societies. These protests mean to extract themselves from capitalist logic by (re)rooting humans in the natural and cultural world, by accepting many of the constraints that modern societies have sought to release themselves from and in turn rejecting those they have created. The collective lifestyles that were experimented in this context are studied here from the perspective of an involved researcher, with ethnological tools and inspiration from Critical Theory. From my own experience and from relevant interviews, I attempt to understand the psychosocial mechanisms that have favoured or impeded the fulfilment of the emancipatory aspirations contained within the occupation of the zone à défendre.