Thèse soutenue

Construction d'une question sanitaire et d'une norme corporelle. : le cas du traitement de l'obésité en milieu hospitalier.

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Auteur / Autrice : Estelle Gridaine
Direction : Annie Collovald
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Sociologie
Date : Soutenance le 29/11/2022
Etablissement(s) : Nantes Université
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Sociétés, temps, territoires (Angers)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Centre Nantais de Sociologie
Jury : Président / Présidente : Romuald Bodin
Examinateurs / Examinatrices : Anne Lhuissier, Baptiste Viaud
Rapporteurs / Rapporteuses : Catherine Achin, Henri Bergeron

Mots clés

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Mots clés contrôlés

Résumé

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A partir d’une étude localisée du traitement de l’obésité en milieu hospitalier, la thèse examine un paradoxe : comment des mécanismes de disqualification sociale des personnes en surpoids surgissent et se cristallisent dans un espace volontiers présenté comme neutre et empathique à l’égard des patients. La prise en charge de cet état corporel présente la particularité de réunir, à chaque extrémité de la relation thérapeutique (patients, personnel soignant), une population principalement féminine partageant des caractéristiques communes (âge, origine sociale et sentiment de déclassement) et un objectif commun de transformation des corpulences. Après de multiples tentatives précédentes d’amaigrissement, les unes espèrent atteindre une forme physique légitime ; les autres aspirent à une position professionnelle reconnue alors qu’elles ont vécu leur pratique paramédicale et médicale comme une relégation dans les zones d’ombre de l’activité sanitaire. Par le croisement d’une sociologie du genre, des classes populaires, de la santé, du corps et des groupes professionnels, cette étude vise à mettre en évidence comment la « négociation des soins » tourne sans cesse au désavantage des patientes : jugées d’emblée dépourvues d’un ethos du contrôle, portées à l’intempérance alors même que tout leur parcours antérieur témoigne du contraire, par des pratiques répétées de luttes et de volonté de changer la « fatalité » du surpoids. Les effets de la disqualification sociale ne jouent pas simplement dans les relations avec les soignant-e-s. Elle joue également au sein même du groupe de patient-e-s. Les mieux dotées mobilisent leurs ressources pour se distinguer des autres qu’elles considèrent comme dépossédées de toute bonne volonté. Simultanément cette recherche montre que le manque de résultats pondéraux conduit les soignants à revoir leurs positions. Le care fait alors souvent place à une logique du soupçon ou à un déni de compétences. En s’appuyant sur le traitement statistique de dossiers médicaux, des entretiens éthographiques et des observations répétées des interactions entre les différents protagonistes, la thèse revisite le déséquilibre de la relation thérapeutique au profit de la construction d’un ordre féminin, aussi subordonné soit-il aux normes masculines.