Désertification et modélisation de la sensibilité à l'érosion éolienne dans la Jeffara (Tunisie méridionale) : approche par télédétection et SIG.
Auteur / Autrice : | Nesrine Arrak |
Direction : | Frédéric Léone, Hédi Ben Ouezdou |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Geographie et aménagement de l'espace |
Date : | Soutenance le 18/11/2022 |
Etablissement(s) : | Montpellier 3 |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale Territoires, Temps, Sociétés et Développement (Montpellier ; 1991-....) |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : Laboratoire de géographie et d’aménagement de Montpellier (Montpellier) - Laboratoire de Géographie et d'Aménagement de Montpellier / LAGAM |
Jury : | Président / Présidente : Yann Callot |
Examinateurs / Examinatrices : Aziza Ghram Messedi, Stéphanie Defossez | |
Rapporteur / Rapporteuse : Noômène Ferhi |
Mots clés
Résumé
Depuis la seconde moitié du vingtième siècle, les régions arides de la Tunisie méridionale sont le siège d’une dégradation générale des ressources naturelles voire de leur désertification. Les zones arides constituent un terrain favorable pour le déclenchement et l’accentuation du risque de désertification et ses principales manifestations. La fragilité des écosystèmes dans ces régions, qui est due essentiellement à des conditions climatiques et physiques défavorables associées à des activités et à des occupations humaines inappropriées et intensives, facilite l’accélération et la propagation de ce phénomène. La Jeffara qui fait partie de la Tunisieméridionale est considérée parmi les zones vulnérables. Cette région a subi des transformations très notables qui se manifestent essentiellement par les changements des modes de gestion et de d’utilisation de l’espace. Ces transformations entrainent des modifications profondes du paysage et cela se traduit particulièrement par la régression du couvert végétal et l’augmentation de l’intensité des processus d’érosion, pouvant mener à la désertification. En effet, l’anthropisation continue de la Jeffara a causé la détérioration de la végétation qui protège un sol sablo-limoneux, a favorisé l’intensification de la déflation, a provoqué la dynamique éolienne et a également renforcé la sensibilité à l’érosion éolienne dans cette région. Toutefois, la progression de la superficie occupée par les zones de cultures a été mise en corrélation avec l’extension spatiale des zones occupées par le dépôt éolien. Cette corrélation montre bien le rôle des pratiques agro-pastorales dans l’intensification et l’accélération de la dynamique éolienne. L’objectif visé dans ce travail est de contribuer à la mise au point de deux démarches complémentaires. La première consiste à suivre la dynamique des principaux modes d’utilisation du sol et des accumulations éoliennes au cours d’une période bien déterminée (33 ans). La deuxième méthode est quantitative et consiste à estimer le niveau de sensibilité à l’érosion éolienne dans la Jeffara méridionale à travers la mise en place d’un modèle. Les deux démarches sont engagées soit pour suivre la dynamique spatio-temporelle, soit pour déterminer le niveau de sensibilité à l’érosion éolienne. Elles sont basées essentiellement sur les données radiométrique issue des images satellitaires traitées (Multi-Capteurs : TM, OLI et MSI). Nous avons recouru au calcul de plusieurs indices radiométriques (IB, IC, SAVI, IR, TGSI et EMI), aux classifications (orientée objet et non supervisé), et aux travaux de terrains afin d’atteindre nos principaux objectifs d’étude. L’étude de la dynamique spatio-temporelle des principaux types d’utilisation/occupation du sol, sur la période 1985-2018, nous mène à conclure que la Jeffara méridionale tend plus vers une dégradation de son milieu naturel voire vers sa désertification. La superficie occupée par les cultures a noté une progression de 271,5 km2 (15.6%) en 1985 à 606 km2 (34.8%) en 2018. Tandis que la superficie occupée par les parcours a noté une régression de 1447.2 km2 (83%) à 1042,6 km2 (59.8%) en 2018. Les fronts de mise en culture /ou de pression ont connu une dynamique progressive qui s’étend vers la plaine centrale de la zone d’étude. Cette anthropisation excessive a contribué à l’accélération des processus de l’érosion éolienne. Ainsi, à travers le suivi des zones occupées par le dépôt éolien, nous avons constaté l’importance des activités humaines dans l’activation de la dynamique éolienne (déflation/dépôt) et également dans le renforcement de lasensibilité à l’érosion éolienne. La Jeffara méridionale est considérée comme une zone à forte sensibilité à l’érosion éolienne (32.5% de la superficie totale), cette sensibilité est de plus en plus intensifiée par les activités inappropriées exercées par l’Homme.