Le monstre, figure du contre-nature. Construction et représentations sociales du monstrueux

The monster, figure of unnatural. Construction and social representations of monstrous.

• Auteur / Autrice : Erwan Moreau
• Direction : Philippe Joron
• Type : Thèse de doctorat
• Discipline(s) : Sociologie
• Date : Soutenance le 02/12/2022
• Etablissement(s) : Montpellier 3
• Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale 60, Territoires, Temps, Sociétés et Développement (Montpellier ; 2015-....)
• Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Laboratoire d'études interdisciplinaires sur les représentations et les imaginaires sociaux (Montpellier) - Laboratoire d'Etudes Interdisciplinaires sur le Réel et les Imaginaires Sociaux / LEIRIS
• Jury : Président / Présidente : Martine Xiberras
• Jury : Examinateurs / Examinatrices : Cristiane Freitas Gutfreind, Moisés de Lemos Martins
• Jury : Rapporteurs / Rapporteuses : Cristiane Freitas Gutfreind, Moisés de Lemos Martins

Mots clés

Mots clés contrôlés

Épistémologie

Lexicologie

Ontologie

Dans les représentations sociales

Monstruosités

Mots clés libres

Monstrueux

Contre-Nature

Représentations sociales

Épistémologie

Ontologie sociale

Lexicologie

Monstrous

Unnatural

Social representations

Epistemology

Ontology social

Lexicology

Résumé

De plus en plus d'études sur le monstre voient le jour en science humaines, notamment en histoire de l’art ainsi qu’en littérature. Toutes ces études semblent s'accorder à dire que la signification à attribuer aux monstres est tout aussi protéiforme que ses représentations. Notre thèse a pour ambition d'aider à une meilleure compréhension du concept de monstre en cherchant à répondre à la question suivante : de quoi parlons-nous quand nous parlons du monstre ? En préférant aux formes esthétiques les occurrences lexicales, il est possible de montrer que, derrière l'hétérogénéité de ses représentations, le monstre cache une homogénéité de ces significations.Aussi loin que nous puissions remonter dans le cours de l’Histoire, il semble que le monstre soit intimement lié à l’idée de contre-nature. Malgré sa présence chez de nombreux auteurs, comme Aristote et Platon, ce lien dialectique n’a jamais fait l’objet d’une problématisation de la part des sciences humaines et sociales. Pourtant, depuis l’avènement de la tératologie au tournant du XIXe siècle, la science a montré que rien de ce que pouvait produire la nature ne pouvait être produit contrairement au respect des lois qui la fondent, à savoir celles de la biologie et de la physique. Comme le dit Goethe, après Tobler, dans les aphorismes sur la Nature publiés en première page du premier numéro de la fameuse revue du même nom : « Auch das Unnatürlichste ist Natur ». Par conséquent, si monstres il y a, ceux-ci ne peuvent être que contraires à une nature entendue comme une réalité sensible propre à un individu et dont certains éléments témoignent de la présence d’une « pensée sociale » faite de normes, de dogmes, d’idéologies ainsi que de représentations collectives et sociales.

More and more studies on the monster are emerging in the humanities, especially in art history and literature. All of these studies seem to agree that the meaning attributed to monsters is just as protean as its representations. Our thesis aims to help a better understanding of the concept of monster by seeking to answer the following question: what are we talking about when we talk about monsters? By preferring lexical occurrences to aesthetic forms, it is possible to show that behind the heterogeneity of its representations the monster hides a homogeneity of these meanings.As far back as we can go in the course of history it seems that the monster is intimately linked to the idea of unnatural. Despite its presence in many authors, such as Aristotle and Plato, this dialectical link has never been subject to problematization by humanities and social sciences. However, since the advent of teratology at the turn of the 19th century, science has shown that nothing nature produce could be produced contrary to respect for the laws on which it is based, namely those of biology and physical. As Goethe said, after Tobler, in Aphorisms on Nature published on front page of the first issue of the famous science journal of the same name: “Auch das Unnatürlichste ist Natur”. Consequently, if there are monsters, they can only be contrary to a nature understood as a sentient reality specific to an individual and of which certain salient elements bear witness to a 'social thought' made up of norms, dogmas, ideologies as well as collective and social representations.