Thèse soutenue

La Grèce antique et la quête initiatique dans l'oeuvre de Valery Larbaud

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Auteur / Autrice : Jasmine Boularan
Direction : Constantin AngélopoulosYiannis Ioannou
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Études néo-helleniques
Date : Soutenance le 27/06/2022
Etablissement(s) : Montpellier 3 en cotutelle avec Université de Chypre. Département d'études françaises
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Langues, Littératures, Cultures, Civilisations (Montpellier ; 1991-....)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Recherches sur les suds et les orients (Montpellier)
Jury : Président / Présidente : Marie-Pierre Noël
Examinateurs / Examinatrices : Dīmī́trīs N. Fílias, Nicolas Papadimitriou
Rapporteurs / Rapporteuses : Dīmī́trīs N. Fílias, Nicolas Papadimitriou

Résumé

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L’auteur français de cette fin du XIXe, début du XXe siècle, Valery Larbaud, effectue dans ses ouvrages de nombreuses références à l’univers du voyage. Il invite ses lecteurs à partir à la rencontre de l’étranger, en décrivant la figure du « grand voyageur » vagabond et solitaire. Il plaide pour la liberté de l’homme tout en renvoyant au voyage initiatique homérique, pour finalement mettre en avant la double dimension du voyage : celui du voyage physique dans l’espace et celui du voyage initiatique intérieur. Cette ouverture au monde extérieur devient alors une ouverture d’esprit pour l’auteur. Ainsi le voyage et sa symbolique littéraire, non seulement font renaitre le « paysage homérique » mais ils permettent également à l’auteur et à ses héros de se confronter à la réalité sociale et ses défauts. Larbaud critique alors de manière virulente la société et les mœurs de son temps en employant le masque antique grec. La religion chrétienne et ses paradoxes sont également pointés du doigt. Nous pouvons alors en déduire que l’héritage grec ancien devient une véritable arme de défense de l’esprit anticonformiste de l’auteur. Petit à petit les règles sociétales, caractérisées par leur rigidité s’effacent. Les « genres » disparaissent, le corps se libère totalement et perd son aspect charnel devenant une œuvre d’art, digne d’être admirée.À travers l’imaginaire du voyage homérique, Larbaud propose à son lecteur de s’intéresser aux péripéties qu’engendrent la création littéraire : l’écriture. Il met en exergue la « Langue » avec toutes ses subtilités et sa richesse afin d’effectuer un retour vers une langue « Mère », le grec ancien, fondateur de toutes les langues. Selon lui, cette langue relève non seulement de ce qui a de plus pur et de vrai, mais elle exprime l’universel et l’unité. Il est inconcevable d’analyser la présence de cet héritage grec sans examiner les références intertextuelles. Ces dernières sont intégrées dans l’écriture de Larbaud avec une telle modernité et sensibilité où le temps semble être hors du commun. Ce temps suspendu permet la confusion du moderne et de l’ancien. Les renvois aux femmes mythiques se multiplient laissant place au grand topos littéraire de l’invocation à la Muse homérique. Il est clair que cet héritage extrêmement riche devient source d’inspiration poétique. L’inspiration poétique est remise en question et le Mythe antique grec est détourné afin de laisser place à une mythologie de l’intime. Cette mythologie de l’intime larbaldienne consiste à une véritable aventure réflexive vers l’intime. Pour cela un retour au passé est nécessaire selon l’auteur. Larbaud construit de manière surprenante un univers poétique de l’enfance. L’imaginaire mythique fait partie des souvenirs d’enfance, et permet à l’auteur de plonger ses narrateurs dans un long voyage réflexif à la recherche du « moi » profond. Notre auteur place ses héros dans un état profond de réflexion souligné à travers le monologue intérieur. Le voyage initiatique homérique est un Mythe qui a jalonné l’histoire des langues, des pays, des traditions et des croyances formant la civilisation Occidentale de la Méditerranée. Ce parcours douloureux, marqué par sa dualité où la souffrance et la joie coexistent a pour but le retour. Larbaud accorde ainsi à l’héritage grec ancien une fonction de porte-parole, d’expression de l’intimité de ses narrateurs mais également de ses lecteurs et de la société moderne qui s’apprête à le lire. Du voyage initiatique homérique, où l’héritage grec ancien se met au service de la plume anticonformiste de l’auteur, aux péripéties qui génèrent l’écriture et la création poétique, l’auteur se réapproprie le mythe antique grec en le déconstruisant afin de créer son propre mythe de l’intime.