La figure de Socrate et le paradoxe du suicide dans le stoïcisme impérial : de la μελέτη θανάτου chez Socrate à la uoluntaria mors des Stoïciens
Auteur / Autrice : | Sabrina Brindier |
Direction : | Jean-Luc Périllié |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Philosophie |
Date : | Soutenance le 30/03/2022 |
Etablissement(s) : | Montpellier 3 |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale Langues, Littératures, Cultures, Civilisations (Montpellier ; 1991-....) |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : Centre de recherche interdisciplinaires en sciences humaines et sociales (Montpellier) |
Jury : | Président / Présidente : Thomas Bénatouïl |
Examinateurs / Examinatrices : Jean-Luc Périllié, Brigitte Pérez-Jean, Patrick Tacussel, Annie Hourcade, Létitia Mouze, Elsa Grasso | |
Rapporteur / Rapporteuse : Jean-Joël Duhot, Alonso Tordesillas |
Mots clés
Mots clés contrôlés
Mots clés libres
Résumé
Le thème de la mort chez les Στωικοί, est largement commenté par les exégètes. De surcroît, le thème de la uoluntaria mors, qui nous intéresse plus particulièrement dans le cadre de cette étude, fait l'objet de questionnements dus aux contradictions apparentes, qui jusqu'à présent, ne sont que peu étudiées. Lesquelles ?Le stoïcisme, influencé par l’héraclitéisme et par les apports du Timée platonicien, est providentialiste. Ce système, qui se caractérise par une obéissance et une ferveur sans limite à l’égard de la divinité, par une ascèse rigoureuse reposant sur le constant examen de soi et de ses représentations, sur l'indifférence envers ce qui ne dépend pas de nous ainsi qu'un joyeux consentement au Destin et à tout ce qui arrive (bon comme mauvais), semble ne pas pouvoir admettre le suicide sans remettre en question ses fondements.La philosophie stoïcienne est aussi, dès l'origine, fortement imprégnée de l’influence de Socrate. Or, la philosophie socratico-platonicienne se caractérise, entre autres, par l'interdiction du suicide. Le Socrate du Phédon de Platon démontre que la philosophie est en elle-même un exercice de mort (μελέτη θανάτου). Ces exercices de mort et de purification (κάθαρσις) semblent être les seules alternatives acceptables au suicide. Dieu nous a attribué un rôle, un poste, il ne nous appartient pas de l'abandonner en abrégeant notre existence.Pourquoi donc les Stoïciens se détachent-ils de l'empreinte socratique sur la question du suicide en particulier ? Si la mort volontaire n'est pas interdite chez eux par principe, quelles sont alors les raisons qui poussent le Stoïcien à avoir recours à ce geste extrême, en sachant qu'en étant véritablement stoïcien, rien ne pourrait l'y conduire ?L'objet de notre étude repose sur la tentative d'élucider ces paradoxes apparents et d'apporter des réponses satisfaisantes aux questions que nous nous posons. À partir de recherches récentes ayant restitué un certain caractère « orphique » chez le Socrate du Phédon, nous tenterons d’apporter un éclairage nouveau sur la question du suicide dans l’antiquité. Ce philosophe, vu sous cet angle, aurait-il joué un rôle dissuasif ou non dissuasif concernant le suicide, notamment dans la société romaine ? Comment les courants philosophiques ont-ils pu alimenter la réflexion romaine sur le suicide ? Existait-il dans le monde gréco-romain, un courant suicidogène tel que l'on se représente aujourd'hui ?