Paysans de la hess. L’insertion des agriculteurs marocains par des pratiques informelles dans la huerta provençale en déclin
Auteur / Autrice : | Anne-Adelaïde Lascaux |
Direction : | Karine Bennafla, Julie Le Gall |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Géographie - Aménagement |
Date : | Soutenance le 05/07/2022 |
Etablissement(s) : | Lyon |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale Sciences sociales (Lyon ; 2007-....) |
Partenaire(s) de recherche : | Établissement opérateur de soutenance : Université Jean Moulin (Lyon ; 1973-....) |
Laboratoire : Environnement, ville, société (Lyon ; 1995-....) | |
Jury : | Président / Présidente : Serge Weber |
Examinateurs / Examinatrices : Serge Weber, Yvonne Riaño, David Lessault, Béatrice Mésini, Monique Poulot | |
Rapporteurs / Rapporteuses : Serge Weber, Yvonne Riaño |
Résumé
Cette thèse analyse l’émergence d’une nouvelle catégorie d’agriculteurs issus de la migration dans la huerta provençale. Le système productif méditerranéen repose depuis des décennies sur l’exploitation d’une main-d’œuvre saisonnière étrangère par des petits producteurs marchands locaux ; or une partie de ces salariés, essentiellement des Marocains, ou leurs enfants deviennent désormais des entrepreneurs agricoles. Pour y parvenir, ils s’insèrent dans les interstices en friche d’un espace agricole délaissé par des élites locales, elles-mêmes fragilisées par les crises successives qui ont frappé le monde agricole méditerranéen lors de la seconde moitié du XXè siècle. Pour s’installer en tant qu’exploitants, les agriculteurs marocains ont recours à des pratiques informelles. En dissimulant une partie de leurs revenus et de leurs activités, ils imitent les manières de faire des agriculteurs provençaux en difficultés. Toutefois, tous les agriculteurs marocains ne créent pas des entreprises stables : certains réussissent et investissent durablement les campagnes provençales, tandis que d’autres échouent ou se contentent d’utiliser l’entreprise agricole comme une stratégie d’accumulation économique. L’entrepreneuriat agricole est un outil employé par des individus issus de la migration et en situation de déclassement afin de concrétiser leur projet de réussite migratoire. Devenir patron permet à ces ouvriers de se dégager de leur condition salariale et d’entamer une mobilité économique et sociale. Les campagnes en déclin sont des espaces de repli pour des travailleurs précaires à la recherche de nouvelles opportunités professionnelles. À mesure que les agriculteurs marocains se réalisent en tant que chef d’exploitation, ils s’ancrent et se projettent dans un espace rural qui devient un lieu de vie pour eux et leur famille. L’activité agricole participe ainsi à refermer l’horizon migratoire de travailleurs longtemps habitués à une circulation entre les deux rives de la Méditerranée. Le nouveau profil d’agriculteur incarné par les producteurs marocains illustre les dispositifs d’ancrage qui se déploient dans la migration et convie à repenser les liens entre agriculture et migration du point de vue de l’entrepreneuriat et de l’autonomie.