Thèse soutenue

Le gallicanisme au service de la concorde : Les évêques français dans la querelle du Sacerdoce et de l'Empire (1808-1814)

FR  |  
EN
Auteur / Autrice : Maxime Patissier
Direction : Christian Sorrel
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Histoire
Date : Soutenance le 17/06/2022
Etablissement(s) : Lyon
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Sciences sociales (Lyon)
Partenaire(s) de recherche : établissement opérateur d'inscription : Université Lumière (Lyon ; 1969-....)
Laboratoire : Laboratoire de recherche historique Rhône-Alpes (Lyon ; 2003-....)
Jury : Président / Présidente : Jacques-Olivier Boudon
Examinateurs / Examinatrices : Paul Chopelin, Maria Pia Donato
Rapporteurs / Rapporteuses : Céline Borello, Daniele Menozzi

Résumé

FR  |  
EN

La querelle du Sacerdoce et de l’Empire a longtemps été résumée à un duel entre Napoléon et Pie VII, le premier entendant soustraire au pape ses pouvoirs temporels, et capter à son profit ses pouvoirs spirituels comme l’illustre sa volonté de déplacer les institutions du Saint-Siège à Paris. Cette thèse entend pourtant apporter un nouvel éclairage en analysant la place et le rôle d’un troisième acteur, l’épiscopat français, qui part sa double allégeance, à l’empereur sur le plan temporel, et au pape sur le plan spirituel, se voit contraint de redéfinir la pensée d’une Église gallicane encore marquée par les troubles révolutionnaires. Trois axes principaux guident ainsi notre réflexion. Retracer d’une part la querelle du Sacerdoce et de l’Empire, dans sa complexité et ses multiples péripéties en insistant, d’autre part, non plus sur l’action des deux souverains, déjà bien étudiée, mais bien sur les interventions incessantes des évêques français de l’Empire et leur rôle durant les cinq années de cette crise qui connaît son apogée lors du concile national de 1811. Dès lors, nous pouvons analyser l’évolution des discours épiscopaux qui laissent progressivement place à une montée d’un gallicanisme concordataire, imposant, dans le cadre d’une soumission à l’empereur, le strict respect des prérogatives pontificales et la primauté de Rome dans les questions spirituelles. Cette étude ouvre ainsi la voie à un dépassement du simple clivage entre gallicans et ultramontains pour mettre au jour une doctrine gallicane plus élaborée qui multiplient les références à la pensée bossuétienne, tout en intégrant les trajectoires individuelles ayant pu guider les évêques dans leur prise de position. Suivant un plan chronologique partant de l’occupation militaire de Rome en février 1808 au retour de Pie VII à Rome en 1814 après cinq années passées sous la surveillance de Napoléon à Savone puis à Fontainebleau, cette étude s’axe notamment autour de deux temps forts que sont l’été 1809, marqué par l’annexion de Rome, l’excommunication de l’empereur et l’arrestation du pape, ainsi que l’été 1811 durant lequel se tient le concile national de 1811, par lequel Napoléon souhaite mobiliser son épiscopat contre son adversaire, tentative qui se retourne finalement contre lui. Les évêques, loin de se contenter du rôle de « préfet violet » auquel voulait les contenir l’empereur, se révèlent dans cette période les ardents défenseurs du Concordat de 1801 qui garantissait pour eux l’équilibre entre les puissances spirituelles et temporelles qu’ils souhaitent conserver, au péril pour certains d’entre eux, de leur liberté. Cette thèse ouvre ainsi la voie à une analyse pus complète de l’évolution de la pensée gallicane au début du XIXème siècle, qui marque paradoxalement les prémices de la montée en puissance de l’ultramontanisme en France, qui triomphe quelques décennies plus tard.